Les organismes HLM du nord Franche-Comté consternés par la proposition du gouvernement sur les APL
Par Romain Dézèque, France Bleu Belfort-MontbéliardMercredi 13 septembre 2017 à 20:07
Le gouvernement veut contraindre les organismes HLM à baisser leurs loyers, d’une somme équivalente à la baisse des APL envisagée, afin que leurs locataires ne soient pas pénalisés. La baisse serait de 50 à 60 euros par loyer. Et provoquerait un séisme selon les bailleurs sociaux.
Le gouvernement envisage de baisser le montant des aides personnelles au logement (APL) pour ceux qui habitent dans des HLM. Cette baisse, selon divers sources, pourrait être de 50 à 60 euros par loyer. Pour compenser cette perte, le gouvernement envisage de contraindre les bailleurs sociaux à réduire le prix du loyer en conséquence. La mesure pourrait être actée mercredi prochain en Conseil des ministres mais elle fait déjà grincer des dents chez les organismes du nord Franche-Comté.
Une ignorance totale ou bien de l’amateurisme » — Jean-Sébastien Paulus, directeur général de Territoire Habitat
« C’est au mieux, une annonce qui repose sur une ignorance totale de notre modèle économique, au pire sur de l’amateurisme ! Ce qui n’est pas plus rassurant… » peste Jean-Sébastien Paulus, directeur général de Territoire Habitat qui gère 11 370 logements sur le Territoire de Belfort. « Les loyers sont la seule rentrée financière de nos organismes. Cet argent ne sert pas à servir des dividendes mais est réinjecté en totalité sur le réinvestissement du patrimoine. Par exemple de la construction neuve, de la réhabilitation, de l’amélioration de la qualité de vie des locataires, etc. » « Ce sera moins de qualité de service, moins d’entretien… donc pour les locataires, cette mesure elle est défavorable ! »ajoute Jacques Ferrand, son homologue chez Néolia qui possède 17 000 logements sur Montbéliard.
Des chantiers en moins pour les entreprises du BTP
Les conséquences dans les comptes des bailleurs sociaux seraient directes : Territoire Habitat perdrait 4 millions d’euros par an. Quant à Néolia, « ce serait entre 18 et 12 millions d’euros de loyers en moins sur 137 millions d’euros annuels. C’est plus que le cash que je dégage pour pouvoir faire des travaux et réinvestir chaque année » détaille Jacques Ferrand. Cette mesure mettrait donc en péril les organismes HLM mais aussi les entreprises du BTP qui travaillent avec eux et qui obtiendraient, par conséquence, moins de chantiers.
Pour compenser ce manque, le gouvernement proposerait d’augmenter les surloyers (les loyers des ménages qui gagnent plus que les plafonds de ressources). Mais pour Néolia et Territoire Habitat, ces cas ne représentent que « quelques dizaines de foyers« . Et ne compenseraient rien du tout.
L’Union des organismes HLM a demandé à être reçue en urgence par le Président de la République.