Les polices municipales se développent, à un prix…
Lors des dernières élections municipales, de nombreuses communes avaient fait la promesse de renforcer leur police, voire d’en créer une. Un an plus tard, les projets se matérialisent avec des typologies variées… qui reflètent les moyens et difficultés de chaque collectivité. Tour d’horizon autour de Longwy.
Communale ou intercommunale. Armée ou non. Avec un pistolet à impulsion électrique (PIE) ou létal… En termes de police municipale, chaque collectivité cherche sa solution. Une tendance, en tout cas, ressort : l’augmentation du nombre d’agents. En Meurthe-et-Moselle, la préfecture rapporte une hausse de 150 à 174 effectifs entre 2017 et 2019. Et aujourd’hui ? Depuis les élections municipales, les projets fourmillent, comme dans le bassin de Longwy. Et ce territoire démontre qu’il n’existe pas de formule toute faite…
La dernière création a été actée mi-avril, à Rehon. Maire et ex-major en Sûreté urbaine, Jean-Pierre Weber voit cet investissement de 100 000 € comme la réponse à « un désengagement de l’Etat, un de plus, et au manque d’effectifs de la police nationale […] Quand je suis arrivé au commissariat de Longwy, en 1981, il y avait encore un îlotier dans chaque commune, avec son bureau en mairie. Il y avait une véritable police, une présence constante. Puis on a commencé à supprimer les îlotiers… »
Coût et utilité
La règle tacite – mais peu respectée – veut qu’il y ait « un agent de police municipale pour 1 000 habitants », rappelle Frédéric Biedak, vice-président du Syndicat national des policiers municipaux. À Herserange (4 400 habitants), la Ville a son propre service depuis 2013. Coût : « autour de 100 000 € par an, dont 78 500 € pour les deux salaires », soupèse le maire. Devant l’impossibilité d’investir davantage, Gérard Didelot mise sur les coopérations avec la ville voisine d’Haucourt-Moulaine.
Les deux collectivités sont compatibles : chacune compte deux policiers, porteurs d’arme létale. D’ici mi-mai, elles devraient être liées par une convention. « Chacun va rester chez soi », prévient le premier magistrat. « Mais lors d’opérations particulières, comme des contrôles de vitesse, il vaut mieux être à quatre, pour des raisons d’efficacité et de sécurité ! »
Fin mars, Hussigny-Godbrange (3 700 habitants), Villers-la-Montagne (1 500) et Tiercelet (660) ont tenté une initiative plus originale encore : 100 000 € pour deux policiers, dont la présence serait répartie au prorata des apports respectifs. La tentative a avorté… « 20 000 € par an, ce n’est pas anodin pour un petit village comme nous. Et pour l’instant, je n’ai pas réussi à convaincre mon conseil », regrette Frédéric Karleskind, à Tiercelet. Même résultat à Villers-la-Montagne.
Hussigny portera donc seule « un effort de 50 000 € pour un seul policier, peut-être 60 000 € avec le matériel », évalue Laurent Righi. Arme incluse ? « La question se pose », reconnaît l’élu communiste. « Si le policier est seul, je pense qu’il en aura besoin… Mais vrai pistolet ou PIE, la question n’est pas tranchée. »
À Villerupt, « jamais d’arme létale »
À Villerupt, elle l’est déjà : « Jamais d’arme létale tant que nous serons en place », réaffirme le nouveau maire. Seul souci : ce positionnement agit comme un frein au recrutement, alors même que la Ville (10 000 habitants) ne compte plus qu’un agent depuis mi-mars. Pierrick Spizak n’entend pas changer son fusil d’épaule pour autant… Il se dit pris entre deux feux : « Demain, si on armait notre policier, ça pourrait accélérer le désengagement de l’État. Et la transformation de notre commissariat en bureau de police … »