Trois ans après la consultation des Beauvaisiens qui avaient refusé l’armement de leur police municipale, le maire Caroline Cayeux a finalement décidé d’accéder aux demandes de la majorité des cinquante agents de la ville qui continuaient à le réclamer. « Nous avions il y a peu menacé de faire grève. C’est une nécessité pour nous d’être en adéquation avec la délinquance de Beauvais », selon Jérôme Wattier, délégué syndical CFTC de la police municipale, qui espère la concrétisation de l’armement en janvier de l’année prochaine.
Dans ce revirement, Caroline Cayeux s’appuie sur un sondage commandé il y a moins d’un mois à Opinion Way. Pour celui-ci, 803 Beauvaisiens ont été interrogés et 61% s’étaient prononcés en faveur de l’armement des policiers municipaux. « Nous avons également envoyé un courrier à près de 200 présidents d’associations sur le sujet. Une centaine ont répondu et 76 % se sont montrés favorables à cette question », ajoute le cabinet du maire de Beauvais, qui sera donc l’une des dernières villes importantes de l’Oise à équiper sa police municipale d’armes à feu.
Avant cela, la demande doit être officialisée auprès du préfet pour que chaque demande de formation individuelle soit validée, une par une. Pour le moment, armer la police municipale est estimé à 100 000 euros (ce qui comprendrait l’achat du matériel, la formation et l’aménagement du local protégé). « On affine encore ce chiffre », indique Alexandre Papion, directeur prévention et sécurité à la Ville. Le prochain conseil municipal de juillet sera l’occasion de demander des subventions au Département et à l’État pour ce financement. Caroline Cayeux a également précisé toutes les conditions préalables à l’armement des agents (certificat médical, enquête de moralité, formation de 60 heures minimum), qu’elle espère effectif « au premier trimestre 2019 » a-t-elle rappelé hier soir au conseil municipal.
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L’opposition s’exprime au conseil sur le sujet
Ce lundi soir, Caroline Cayeux a donné la parole aux groupes d’opposition, qui se sont exprimés sur l’armement de la police municipale. « Dès novembre 2015, j’intervenais sur ce sujet, je n’ai pas changé d’avis » a indiqué Florence Italiani, qui ne fait plus partie du Front National.
Eux non plus n’ont pas oscillé, les élus du groupe Utile pour Beauvais ont une fois de plus marqué leur opposition à la question de l’armement et considèrent que la consultation démocratique de 2015 a été remplacée « par un sondage, qui est une étude d’opinion » selon Anne Geoffroy. La présidente du groupe Utile pour Beauvais a réclamé plutôt davantage d’effectifs de police nationale. « Nous donnerions un mauvais signal par l’armement de la police municipale et nous encouragerions alors l’État à se désengager encore plus qu’il ne le fait déjà. » Les violences liées aux trafics ont été évoquées autant par le maire de Beauvais que par l’opposition. Constat qui pourtant ne parvient pas à les mettre d’accord sur les solutions.