Les policiers municipaux demandent à nouveau le droit à être armés. Y êtes-vous favorable ?
« Après « la série de faits graves » qui a touché la ville, les policiers municipaux relancent une ancienne revendication: être dotés d’armes à feu. Le maire reste ferme sur ses positions: c’est non.
La police municipale d’Angoulême demande une nouvelle fois à être équipée « sans délai » d’armes à feu. Dans un courrier signé du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM), les agents angoumoisins ressortent cette ancienne revendication en mettant en avant « la série de faits graves qui se sont enchaînés, plus particulièrement à La Grande-Garenne ». Ils demandent au maire « le droit à la sécurité, et des moyens de riposte adaptés à la réalité ».
Sous la plume de son secrétaire national, Frédéric Foncel, le syndicat menace d’organiser « différentes actions dès la rentrée » pour obtenir des armes et les formations qui vont avec. Dans la foulée, alors que la sécurité sera un enjeu de campagne électorale, il interpelle les candidats aux municipales en leur demandant de « prendre clairement position sur ce sujet majeur » (lire encadré).
Deux recrutements supplémentaires
« Il ne s’agit pas de se substituer à la police nationale, mais quand on se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment, on fait quoi ? Qu’aurait-on pu faire à La Grande-Garenne pour protéger la population et nous protéger nous-même ? À part fuir, rien », assurent les deux délégués départementaux, en poste à Angoulême. A ce jour, la ville compte 14 policiers municipaux, et deux recrutements supplémentaires sont annoncés pour renforcer la présence dans la ville (1).
Philippe Lavaud n’a pas encore reçu le courrier, mais sa réponse reste inflexible:« Pas question de rentrer dans la spirale de la violence en s’affichant avec des armes, il faut plutôt agir pour désarmer les délinquants », répond le maire, qui réclame un renforcement des effectifs du commissariat (2). Il le martèle à chaque fois: « La sécurité des biens et des personnes relève de l’Etat. »
Ses policiers municipaux, eux, cite l’assassinat d’un éducateur en juillet, le meurtre d’un jeune homme en août, mais aussi la récente rixe à Victor-Hugo où celles à répétition sur le Champ-de-Mars. « On sent monter l’intensité de l’agressivité, avec de plus en plus de bagarres de SDF, parfois avec des couteaux. Ce sont des interventions très compliquées, argumentent encore les délégués. Le personnel est inquiet. On nous demande d’être plus présents aux endroits sensibles. On est d’accord, à condition de pouvoir assurer notre propre sécurité. On est des cibles potentielles. »
Le maire, lui, temporise: « Les drames récents sont des actes isolés, et nos agents n’ont jamais été directement menacés. Pour refréner la violence, je préfère la présence humaine sur le terrain, la police, mais aussi les médiateurs, les éducateurs, les entreprises. Armer nos agents ne résoudra rien, on n’est pas à Marseille. »
Et Philippe Lavaud de rappeler que les policiers municipaux sont désormais équipés de gilets pare-balles. « C’est une bonne chose, reconnaissent les intéressés, mais ce n’est pas une armure indestructible. Nos missions vont jusqu’à l’interpellation d’individus pour des faits délictuels et criminels. »
A ce jour en France, selon le syndicat, 40 % des policiers municipaux sont armés, et le débat est permanent dans de nombreuses villes. En Charente, sur une centaine d’agents, trois seulement disposent d’une arme, à Châteauneuf et à Barbezieux.
(1) La mairie souhaite une extension des horaires d’intervention de la police municipale de 8h à 19h. Aujourd’hui, elle intervient de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 18h.
(2) Le jour du drame de La Grande-Garenne, il a joint Manuel Valls pour demander des renforts à Angoulême. Selon lui, la ville a perdu 67 postes de policiers depuis 1997.
L’opposition sur la réserve
Aucun des trois candidats de la droite et du centre aux prochaines municipales ne se dit prêt à armer la police municipale comme elle le souhaite. Réactions.
Xavier Bonnefont: à chacun son rôle
« Sur l’armement des policiers, je suis très réservé. Pour protéger nos agents, il y a des solutions intermédiaires, mais une arme au quotidien, ce n’est pas l’idée que je me fais d’une police municipale qui doit avant tout assurer des missions de proximité, commente le candidat UMP, conseiller municipal d’opposition. Face à la montée de l’insécurité à Angoulême, il faut renforcer la police nationale. C’est à elle que revient d’interpeller les délinquants, à chacun son rôle. »
Samuel Cazenave: oui mais…
« Tout dépend de la mission que l’on donne à la police municipale. Si on souhaite qu’elle soit plus présente, notamment après la tombée de la nuit, il faut qu’elle soit mieux armée, au moins de Taser, explique le conseiller municipal UDI. Tout cela doit se régler dans un projet global sur la tranquillité publique, avec tous les acteurs. »
Vincent You: pas une priorité
« Ça ne me semble pas une question prioritaire à Angoulême, où l’on attend surtout plus de présence d’hommes en bleu sur le terrain », réagit le conseiller régional indépendant, qui a déjà proposé de renforcer la police municipale. « Il faut regarder cette question sans tabou, et si des informations nouvelles montrent que nos policiers doivent être mieux protégés, ça mérite d’être étudié. Je n’ai pas de position de principe. »