Sous peu, certains habitants du Migennois risquent d’être un peu surpris. En particulier à Bonnard, Bussy-en-Othe, Charmoy et Epineau-les-Voves. En effet, dans ces quatre communes, ils verront régulièrement patrouiller et intervenir les policiers municipaux de Migennes (*). Une grande première dans le département.
Le dispositif devrait être mis en place à partir du 1 er févrierUn tout nouveau dispositif validé par le préfet de l’Yonne, Patrice Latron, et la procureure de la République de Sens, Marie-José Delambily.
« La convention de coordination avec la gendarmerie a aussi reçu un avis favorable, indique le maire de Migennes, et président de la Communauté de communes du Migennois (CCM), François Boucher (LR). Tout devrait être mis en place à partir du 1 er février. »
Ce projet, assez ancien, était cher à François Boucher. Maire entre 2001 et 2008, et depuis 2017 de la cité cheminote, l’élu a beaucoup œuvré pour renforcer sa police municipale. « Quand je suis arrivé, en 2001, il a fallu réorganiser la sécurité. Les agents sont notamment passés de 1 à 5. »
Une montée en puissance qui s’est poursuivie, avec l’armement des policiers municipaux dès 2004, la multiplication des caméras de vidéosurveillance, ou l’organisation des patrouilles.
« Au fil des ans, on s’est aperçu que tout le travail effectué repoussait les problématiques vers les communes voisines. La police municipale n’a de compétences que sur son territoire : quand des patrouilles suivent quelqu’un, par exemple, elles doivent s’arrêter aux frontières de la commune. »
D’où cette idée « de coordonner le dispositif de sécurité sur la communauté de communes ». Et aussi de « renforcer la complémentarité avec la gendarmerie dans un territoire sur lequel elle a autorité ».
Dans quelques jours, Bonnard, Bussy-en-Othe, Charmoy et Epineau-les-Voves pourront disposer « d’un outil de police municipale mutualisé, à la carte », en échange « d’une contrepartie financière, avec des agents défrayés à l’heure ».
Mais c’est bien à chaque commune de définir le contour des pouvoirs et des priorités accordés aux agents de la police municipale de Migennes.
« C’est le maire qui commande l’équipe de policiers municipaux », précise François Boucher.
À Charmoy, par exemple, le maire Michel Bidot explique avoir fait le choix de s’appuyer sur la police municipale migennoise « parce qu’à Charmoy, nous n’avons pas les moyens d’avoir deux ou trois policiers municipaux, et j’estime qu’un seul, ce n’est pas suffisant ».
« Il y a un tarif fixé par le maire de Migennes, autour de 30 euros de l’heure, par agent, indique-t-il. Cela devait coûter environ 10.000 euros, à la commune, à l’année. Je leur ai donné carte blanche. J’estime qu’ils savent ce qu’ils font. »
Mais certaines directives ont été données par Michel Bidot : « Il faut, parmi les priorités, faire respecter les panneaux stop, les feux tricolores, et les règles de stationnement. Ce sera tolérance zéro. »
« La sécurité n’a de prix »Du côté de Bonnard, également signataire, le maire Jean-Luc Warie se dit lui sensible « à la prévention contre les cambriolages et à la sécurité routière », mais aussi à des missions « comme les divagations de chiens errants. L’apport de la police de Migennes, en plus de la gendarmerie, va permettre de compléter la surveillance. Le dispositif a un coût, mais la sécurité n’a pas de prix. »
Outre la commune de Cheny, qui va accorder un droit de passage à la police de Migennes, d’autres communes de la CCAM pourraient, à terme, intégrer ce dispositif. « Si d’aventure il y a d’autres demandes, nous pourrions alors engager un agent municipal supplémentaire », annonce François Boucher.
(*) La police municipale de Migennes se compose de cinq agents, avec à sa tête un chef de service, Pascal Vigneron.
Nicolas Ruiz