VIDÉO – Ce texte a été approuvé alors que l’Aquarius a demandé la permission d’accoster en France et de débarquer 58 migrants secourus en mer.
En prenant ses fonctions de ministre de l’Intérieur, le 2 juin dernier, Matteo Salvini avait annoncé un tour de vis sur l’immigration et la sécurité. «La planque, c’est fini», avait-il lancé à l’adresse des migrants. Trois mois plus tard, le leader de la Ligue a fait approuver lundi en Conseil des ministres un ensemble de mesures particulièrement contraignantes. Pour en faciliter l’examen au Parlement, il a résumé en un seul décret-loi les deux textes initialement envisagés.
«C’est un pas en avant pour rendre l’Italie plus sûre, pour combattre mafieux et passeurs avec plus de force et réduire les coûts d’une immigration exagérée», a-t-il commenté sur Facebook. Le décret entrera en vigueur dès sa signature par le chef de l’État, si ce dernier ne le renvoie pas au gouvernement pour examen supplémentaire. Au Parlement, qui aura deux mois pour le ratifier, les 5 étoiles qui en contestent les dispositions les plus brutales sont déterminés à l’amender.
Les mesures les plus drastiques concernent l’immigration. Les autorisations de séjour accordées pour motifs humanitaires (un quart des demandes) sont abolies et seront remplacées par des permis spéciaux visant à récompenser un comportement méritoire, permettre un traitement médical ou accueillir des immigrés fuyant des calamités naturelles. L’entrée en Italie devrait être interdite pour tout autre motif.
Italie : Le gouvernement adopte un décret contre l’immigration – Regarder sur Figaro Live
Le pays devra toutefois se conformer au droit international, qui prévoit une gamme plus étendue de motifs d’accueil, parmi lesquels la fuite devant un conflit armé. Le décret suspend également l’examen des demandes d’asile et prévoit l’expulsion immédiate des migrants commettant certains délits en Italie: vol, viol, cambriolage, violence, mutilation d’organes génitaux ou encore outrage à agent de la force publique. Initialement envisagée, la simple résistance à ces agents a été retirée du texte. L’expulsion interviendra dès la première condamnation, sans attendre l’appel éventuel. Autre mesure suscitant une vive émotion: la suppression des «Sprar», ou «centres de protection des demandeurs d’asile et des réfugiés», des structures publiques mises à la disposition de plus de 400 mairies. «C’est l’unique système public d’accueil qui fonctionne. Ces centres sont bien gérés et donnent toutes les garanties de sécurité. C’est un modèle en Europe», s’indigne Mgr Nunzio Galantino, secrétaire général de la Conférence épiscopale. Les Sprar seront à l’avenir réservés à l’accueil des mineurs non accompagnés et aux immigrés bénéficiant du statut de réfugiés.
Le décret-loi prévoit d’interner pendant trente jours dans des «hotspots» (centres d’accueil) les demandeurs d’asile, libres jusqu’à présent de leurs mouvements après identification, et de porter de 90 à 180 jours la durée de rétention, avant expulsion. Les associations privées et coopératives qui accueillent ces migrants et dont la gestion laisse parfois à désirer verront se tarir la manne de l’État. Matteo Salvini est décidé à réduire substantiellement la prime de 30 euros par jour et par migrant que leur versent les pouvoirs publics.
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Au chapitre de la sécurité, le décret prévoit d’équiper la police municipale de pistolets électriques Taser. Et prescrit de mettre fin aux occupations d’immeubles sans devoir reloger leurs occupants. «Nous allons renforcer la discipline de nos interventions. S’agissant de migrants, nous ne chasserons personne d’Italie du jour au lendemain, mais nous rendrons les expulsions plus efficaces», a commenté le président du Conseil, Giuseppe Conte.
Au même moment, le bras de fer se poursuit en Méditerranée autour de «l’Aquarius 2». Après Gibraltar, Panama, répondant aux pressions du gouvernement italien, vient de rayer de son registre naval ce navire océanographique qui a secouru 2100 migrants au large de la Libye. Médecins sans frontières (MSF) et l’ONG SOS Méditerranée, qui affrètent le navire depuis février 2016, ont lancé un appel à la France pour laisser débarquer à Marseille les 58 migrants recueillis ce week-end à bord de l’Aquarius, dernier navire humanitaire présent au large de la Libye.