LORRAINE Gardes champêtres : les vertus du dialogue et de la proximité
À Stenay et Montmédy, en Meuse, Patrick Huard et Philippe Poirson exercent au quotidien leurs missions. Au travers des tâches quotidiennes, ces policiers municipaux des campagnes défendent l’intérêt d’allier dialogue et prévention, avec en dernier ressort la répression.
En cette journée d’hiver, c’est un artisan qui a lancé la matinée sur le téléphone de Philippe Poirson. Un chantier à délimiter, la sécurité à assurer dans la rue. La veille, il surveillait le stationnement des écoles, sillonnait les rues, frappait aux portes pour tenter d’apaiser un conflit de voisinage. D’ici peu, la porte des 60 ans refermera sa carrière de garde champêtre. Une dizaine d’années de métier, après la transition professionnelle, voilà dix ans, assurée par le centre de formation de garde champêtre à Amiens. Dans le périmètre nord meusien de Montmédy, où il exerce, il croise souvent Patrick Huard, un vétéran de la fonction, convaincu depuis une trentaine d’années de la force de proximité de l’action au quotidien. À Stenay, où il est né voilà 58 ans, ce dernier connaît la quasi-totalité de la population. Un atout, lorsqu’il faut créer un lien entre les individus pour chercher des solutions d’apaisement. Un handicap, à l’occasion, lorsqu’il s’agit de verbaliser. « Mais on le fait, car nous sommes portés par une nécessaire mission d’équité entre les citoyens » assure ce père de quatre enfants.
La gestion des cimetières
Si le terme de « garde champêtre » revêt chez certains une connotation un tantinet désuète à l’heure de la révolution numérique, la fonction n’a jamais disparu pour autant. Elle se rapproche sur l’essentiel des tâches d’une police municipale, appliquée aux petites communes. « On peut même dire que le champ de nos interventions est supérieur, car s’y ajoutent les responsabilités sur la pêche et la chasse », précise Philippe Poirson. Entre policier municipal des villes et garde champêtre des campagnes, la caricature est tentante. Les deux fonctions voisinent comme de lointains cousins germains , avec une légère différence salariale en défaveur des gardes champêtres. « 95 % de nos tâches chaque jour s’appuient sur la force de notre relationnel. C’est souvent lui qui permet de résoudre les conflits. Nous sommes d’abord dans la communication, dans la prévention. Et si ça ne suffit pas, on sanctionne », ajoute Patrick Huard.
Avec le carnet à contraventions toujours rédigé à la main, il faut parfois aller déposer les amendes chez les particuliers. Proximité oblige, le lien avec les élus est souvent plus étroit, avec des rapports réguliers pour régler les petits soucis d’une gestion communale. En particulier la gestion des charges administratives pour les services funéraires, avec les emplacements dans les cimetières. Du quotidien, du concret. Les deux hommes ne regrettent rien : « On mesure notre action. Notre utilité est palpable. »