Derrière les recommandations, ils ont surtout retenu le symbole. « Que les députés s’intéressent à nous, ça veut dire beaucoup. Ces dernières années, on n’intéressait personne. Il n’était jamais question de la police municipale. » Les agents croisés depuis la parution, la semaine dernière, d’un rapport parlementaire sur leur métier y voient le signe « de la prise en compte de nos missions et de la montée en puissance de notre police. »
S’il n’y a pas qu’une police municipale, si les missions peuvent varier d’un secteur à un autre, « on prend de plus en place dans le paysage sécuritaire », observe , à Longwy, Frédéric Biedack, vice-président du Syndicat national des policiers municipaux et agents. « Il était temps et c’est logique. Nous sommes en première ligne. Que l’on vise à rendre obligatoires les armes létales, cela va dans le bon sens. Nous sommes policiers, on doit être armés. Des collègues ont payé de leur vie leur manque d’armement. »
Sur le terrain, c’est un effet de vases communicants. Les effectifs de la sécurité publique fondent pendant que les polices municipales recrutent. Ils sont près de 23 000 sur le territoire hexagonal. C’est un cas d’école : à Woippy, police nationale et police municipale se partagent les tâches. Les nationaux sont dans les bureaux pour gérer plaintes et enquêtes ; les municipaux sont sur le terrain.
Est-ce le modèle de demain ? Ça fait quand même grincer des dents chez les syndicats de gradés de la police nationale. « Ils ne font pas encore ce qu’on fait au quotidien mais plus tard ? Le problème, c’est qu’on a transformé nos agents en secrétaires noyés sous la procédure », réagit Yves Milla, de l’Unsa-Police.
« Les polices municipales se sont engouffrées dans l’espace libre. Mais ça reste la police d’un maire. Il peut y avoir des dérives. Cette montée en puissance que l’on ressent aussi ne doit pas se faire au détriment de la police nationale », embraye Wilfrid Antoine, délégué Unsa pour la Moselle. « Les agents municipaux ne peuvent pas rédiger de procédures. Ils nous ramènent les individus et nous menons la procédure. C’est une grosse charge de travail supplémentaire. »
« Pas la pression du chiffre »
Devenir « procédurier » n’est d’ailleurs pas une revendication des agents municipaux. « Ce serait contre-productif », estime Frédéric Biedack. « Notre rôle, c’est d’être proche de la population. On a beaucoup rigolé lors des débats autour de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Car la police de proximité, c’est nous ! Ça a toujours été notre rôle. Nous sommes au contact des citoyens, des commerçants. Les maires veulent savoir ce qui se passe chez eux. Et d’un autre côté, nous échangeons beaucoup d’informations avec les gendarmes et la Nationale. Ça fonctionne pas mal. Mais on peut aller encore plus loin avec le partage de fichiers de police. Notre développement est une demande forte de la population, qui nous sent proches d’elle. On n’a pas la pression du chiffre. C’est une énorme différence : on est une vraie police de la tranquillité. Tout ce que les gens attendent. »
« On en parle beaucoup mais la police de proximité, c’est nous ! Ça a toujours été notre rôle. »