« Maintenir la paix sociale. » Voilà l’objectif, le but ultime, la priorité absolue de ceux qui nous gouvernent depuis des décennies. Et le prix à payer n’est jamais trop fort.
C’est ainsi qu’on laisse certains quartiers de nos villes partir à la dérive et passer, peu à peu, sous le joug des gangs et des dealers.
C’est ainsi que l’on tolère les saccages et les violences opérés par l’ultra-gauche lors des manifestations.
C’est ainsi, enfin, que la haute administration pénitentiaire fait la sourde oreille lorsqu’un surveillant du centre pénitentiaire de Réau avertit sa hiérarchie de la menace imminente d’une évasion de Redoine Faïd, un dangereux criminel doublé d’un assassin. Dans notre pays, le « surtout pas de vagues » est devenu un mode de gouvernement. Ce laxisme généralisé est même décliné du haut en bas de l’administration dans le seul but de maintenir un équilibre qui devient de plus en plus précaire. Car il ne faut pas s’y tromper : cette approche n’a fait que repousser, au fil des années, les limites de l’acceptable. Notre société n’a cessé de revoir ses exigences à la baisse jusqu’à perdre, de nos jours, le contrôle de pans entiers de la paix publique.
Certes, il reste encore quelques domaines où nos responsables politiques peuvent montrer leurs muscles. Comme le passage au 80 km/h, par exemple, pour lequel Édouard Philippe n’a pas hésité à passer en force face à une opinion qui, il est vrai, ne représente pas un réel danger pour la paix intérieure. Nous aurions aimé qu’il fasse preuve de la même détermination dans les grands dossiers qui touchent à la sécurité dans notre pays.
En raison de cette faiblesse, maintenant durablement installée, un criminel de la pire espèce est aujourd’hui en liberté. Et même si le ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a admis une possible « défaillance » de ses services, comme s’il s’agissait d’un fait anodin, nul ne peut prédire quelles conséquences aura ce manquement imputable à l’ensemble des hauts fonctionnaires d’une administration qui préfère ménager les malfaiteurs plutôt que d’entendre ceux qui les côtoient tous les jours.
Aujourd’hui, toutes les polices de France sont donc mobilisées pour retrouver celui qu’une certaine presse n’a pas manqué de faire passer pour un héros. Pour un Mandrin des temps modernes. La réalité sur cet individu est pourtant bien plus funeste que ça. Braqueur multirécidiviste, Redoine Faïd a été condamné à la réclusion criminelle à plusieurs reprises. Au moment de son évasion, il purgeait une peine de 25 ans de prison prononcée par la cour d’assises de Paris en 2018, en répression d’une tentative de braquage au cours de laquelle une jeune policière municipale, Aurélie Fouquet, avait été tuée. Rien d’admirable en cela.
Face à ce nouveau loupé majeur des services d’un État qui refuse obstinément de prendre conscience de la réalité criminelle qui sévit dans notre pays, et qui préfère fermer les yeux face à une situation qui ne cesse de se dégrader, il n’y a plus qu’à espérer que Faïd sera rapidement repris et mis hors d’état de nuire. Pour autant, il y a fort à parier qu’une fois résolu, ce fait divers sombrera rapidement dans l’oubli. Que, comme d’habitude, aucune des mesures de fond préconisées par les professionnels de terrain ne sera mise en œuvre et qu’il faudra se contenter de mesurettes à peine susceptibles de voiler les carences d’un système à bout de souffle.
En attendant, il faut simplement souhaiter qu’aucun d’entre nous ne croisera la route de Redoine Faïd. Car au rythme où s’expriment désormais les kalachnikov dans notre pays, il y plus à espérer dans la chance que dans la politique pénale de nos décideurs.