«Pourquoi l’interdiction n’est-elle pas respectée ? Les gros camions n’ont pas le droit de circuler en ville, c’est écrit juste là ». Le panneau qu’Yves désigne depuis son salon se trouve derrière sa fenêtre, au carrefour de l’avenue Foch et du boulevard Philippe-Jourde.
Le retraité et sa compagne n’ont plus besoin de se lever du canapé pour jouer les commères derrière leurs rideaux. Ils sont capables d’évaluer les mensurations des poids lourds aux vibrations des murs et des carreaux de leur appartement.
« C’est sans arrêt, témoigne Catherine, épuisée par ces traversées bruyantes. Je me réveille deux fois par nuit. C’est encore plus intense dans les nuits des dimanches aux lundis ».
Le couple qui ne souhaite qu’une chose, « que les règles soient respectées », n’exagère pas. Lundi, en une demi-heure ( de 14 heures à 14 h 30), nos journalistes postés sous la fenêtre d’Yves ont compté quatorze poids lourds, des Français, des Polonais, des Italiens ; soit un camion toutes les deux minutes (*).
Quatorze camions en une demi-heure sur l’avenue Foch
Nous avons posé notre caméra pendant trente minutes, lundi, en début d’après-midi, sur l’avenue Foch
Dans ce flot continu, il y a bien sûr les routiers en règle qui livrent leurs marchandises, rejoignent ou quittent leurs entreprises sur les communes de la Communauté d’agglomération ( 71 communes aujourd’hui). Et les autres, ceux en provenance du sud de la Haute-Loire qui traversent la cité ponote et s’épargnent ainsi un détour de 35 kilomètres ( par Loudes jusqu’à Chadrac) pour rattraper la RN 88 à l’échangeur du Monteil.
L’interdiction – effective depuis janvier 2011 – leur est signalée au rond-point des Fangeas, à Cussac-sur-Loire, mais induits en erreur par leur GPS ou guidés par leur mauvaise foi, les routiers au volant de leurs camions ferment les yeux et entament la traversée du Puy.
De nouveaux panneaux
« L’interdiction est mal respectée », acquiesce le maire du Puy, régulièrement interpellé par les riverains de l’avenue Foch.
Pour la rendre « plus visible encore », Michel Chapuis a demandé au centre technique municipal d’ajouter, pas plus tard que la semaine dernière, des dizaines de panneaux dans la descente du Puy. Le premier, toujours enrubanné, est installé au giratoire des Baraques. Puis à chaque rond-point, une piqûre de rappel.
Camions avenue Foch. Photo Vincent Jolfre
Le renforcement de la signalisation va-t-il suffire ? Rien n’est moins sûr, car lorsque les poids lourds franchissent les portes de la ville, il est déjà trop tard pour leur faire effectuer un demi-tour en toute sécurité. L’opération est rendue très délicate par la configuration de l’avenue Baptiste-Marcet ( dans le prolongement de l’avenue Foch) et le manque d’espace.
Bien décidé à apporter une bouffée d’oxygène aux riverains étouffés par les gaz d’échappement des poids lourds en attendant la mise en circulation du contournement du Puy, Michel Chapuis a demandé au commissariat et à la police municipale de « renforcer les contrôles ».
Des contrôles dont la mise en œuvre serait loin d’être évidente. « C’est difficile, relate Michel Chapuis, car là aussi, il faut pouvoir arrêter les poids lourds sans interrompre le trafic. Nous manquons de place et c’est très mobilisateur de forces de l’ordre ».
(*) Naturellement, notre comptage est insuffisant pour estimer avec précision le nombre de camions circulant quotidiennement sur l’avenue Foch. Néanmoins, il donne une idée de la fréquence des passages des poids lourds sur cet axe.
Ophélie Crémillieux