Marseille : à la Busserine, le supermarché de la drogue rapportait à 15 000 euros par jour
Dans la cité marseillaise, le supermarché de la drogue faisait 450 clients par jour
Quand la police a fait tomber le réseau de la Busserine (14e), ou plutôt celui des bâtiments B et G, elle est tombée de haut, elle est tombée du mur de la cité. Elle a découvert un supermarché de la drogue, une entreprise à succès, ouverte de 11 h à minuit, avec ses petites et ses grandes mains, avec une moyenne de 450 clients par jour et des revenus quotidiens estimés entre 10 000 et 15 000 € par jour.
On n’était pas dans l’épicerie, ni dans la quincaillerie, mais dans l’économie de la drogue avec trois produits majeurs : cocaïne, résine et herbe de cannabis. Une autre manière d’épicerie à l’arrivée.
Les surveillances opérées en février et mars 2016 ont porté leurs fruits, puisqu’elles ont abouti à l’interpellation de huit personnes, sept majeurs et un mineur. Le mineur a été renvoyé devant le tribunal pour enfants. Les majeurs avaient rendez-vous hier avec le tribunal correctionnel de Marseille.
Guetteurs, collecteurs et compteurs de billets
Trois détenus, deux libres, un en fuite, un septième et dernier dont le cas a été exceptionnellement disjoint. Têtes de réseau, revendeurs, collecteurs d’argent, compteurs de billets, guetteurs : chacun y avait son rôle utile pour la bonne marche de l’entreprise Busserine. Certains sont en récidive légale, déjà condamnés, comme Sabri Chabbi, 20 ans, en 2013, ou comme Tarek Rhandouri, 26 ans, en 2009.
Du mois de janvier au 29 mars 2016, date des interpellations, ils ont cru qu’ils faisaient de bonnes affaires, ne sachant pas que le petit commerce allait avoir une fin… Quant à Mohamed Hamada, 22 ans, il fait l’objet d’un mandat de recherche depuis le 9 mars dernier.
L’un des prévenus disparaît après les débats
Entendu, Sabri Chabbi n’a pas nié son implication dans le réseau de la Busserine. Il a même expliqué que 5 000 à 8 000 € de cocaïne y étaient vendus chaque jour. Quant à Tarek Rhandouri, il a contesté une partie des faits reprochés, surtout lorsque les policiers l’ont pointé du doigt, le plaçant à la tête du trafic de stupéfiants de la Busserine.
N’est-ce pas lui qui donnait régulièrement les instructions aux guetteurs, lors de la mise en place du point de vente, qui ravitaillait les vendeurs et collectait l’argent des stups ? Hier, il s’est présenté libre au tribunal, avant de disparaître au terme des débats.
Le procureur Pierre-Yves Pezzino a décrit « un réseau habituel avec une porosité du rôle des différents prévenus et des casiers judiciaires chargés en dépit du jeune âge des mis en cause ». Il a réclamé des peines de 3 à 5 ans. Cinq ans contre Sabri Chabbi, six ans et un mandat d’arrêt contre Tarek Rhandouri, qui s’est absenté juste avant les réquisitions.
En défense, Mes Pouillaude, Coffano, Ospital et Kulbastian ont tenté d’obtenir des atténuations de peines.
Les prévenus ont écopé pour l’essentiel de peines de 30 mois de prison à six ans de prison ferme. Sabri Chabbi a été condamné à cinq ans et maintenu en détention, Tarek Rhandouri à six ans ferme, une peine qui a été assortie d’un mandat d’arrêt.
Denis Trossero