Marseille : des étudiants de Polytech contre les cybercriminels
La Ville de Marseille leur confie l’expertise de sa cybersécurité
Cyberdjihadisme, cybercriminalité : « Chaque jour, la Ville de Marseille subit des milliers d’attaques informatiques. Jusqu’à présent, ces données, notamment nominatives, n’ont jamais été piratées, mais nous restons très humbles sur ce sujet », explique Caroline Pozmentier, adjointe municipale à la sécurité. Des dossiers d’état civil aux mains courantes déposées auprès de la police municipale, en passant par les images de vidéosurveillance, ce sont des gigas de données documentaires qui sont stockées par la Ville. Un véritable trésor pour les escrocs en tout genre. Sans même parler des risques de sabotage, de désinformation, de propagande terroriste qui peuvent être véhiculés sur des sites piratés.
Face à cette menace grandissante, la Ville de Marseille a officialisé hier un partenariat audacieux, et encore inédit en France, avec Aix-Marseille Université (Amu) et une start-up marseillaise, NetGuard, spécialisée dans l’identification des vulnérabilités informatiques.
Le concept : confier la protection des données de la Ville à des étudiants de l’école Polytech où existe, depuis 2013, un club de « hackers éthiques » bien coté dans l’univers de la cybersécurité. « Se protéger contre les pirates avec des étudiants qui interviennent gratuitement, c’est trop novateur pour certaines institutions. Mais la Ville de Marseille a osé », souligne Ely de Travieso, président de NetGuard et créateur de cette plate-forme SafeGouv, qui met en relation les institutions et le monde académique afin de « répondre à l’enjeu national de la sécurité des données personnelles des citoyens ».
Encadrés par des enseignants, les étudiants de Polytech bénéficieront de l’outillage de testing de NetGuard pour réaliser ces travaux pratiques en conditions réelles. « Ils n’interviendront que dans la prévention des attaques, pas en cas de crise », précise Ely de Travieso. À terme, 200 étudiants devraient être mobilisables pour auditer la cybersécurité des systèmes municipaux. Une expérimentation qui pourrait faire école dans la région et en France. Et confirmer l’Amu comme centre de formation d’une filière d’avenir. Convaincue de l’efficacité de ce dispositif, Caroline Pozmentier rappelle que « si la force des hackers c’est de se renouveler sans cesse, c’est aussi celle de nos étudiants. Et nous en avons de nouveaux chaque année ! »
Sophie Manelli
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