Marseille : le récit de l’attaque du commando de la Busserine
VIDÉO. Policiers mis en joue par des hommes armés de kalachnikovs, tirs en l’air… Une scène de guerre dans cette cité du 14e arrondissement de Marseille.
PAR AZIZ ZEMOURI
Lundi en fin d’après-midi, les habitants du quartier de la Busserine, dans le 14e arrondissement de Marseille, ont assisté, médusés, à une scène de guerre. Deux véhicules ont fait irruption dans la cité populaire où habitent environ 4 000 personnes. Selon les témoignages recueillis par la police, six ou sept occupants à bord d’une Renault Mégane et d’une Renault Mégane Sport ont déboulé à toute allure. Trois individus équipés d’armes automatiques qui pourraient être des kalachnikovs ont tiré en l’air.
Effrayés, certains résidents plongent sous des véhicules stationnés, d’autres prennent leurs jambes à leur cou. Un véhicule de la brigade anticriminalité en patrouille non loin de l’action du commando fonce en direction des tireurs. Ils ont à peine le temps de les croiser. Le commando a déjà pris la fuite en direction de l’A55, qui relie Marseille à Martigues. Sur l’autoroute, il croise un véhicule banalisé de la compagnie de sécurisation et d’intervention de la police locale, l’un des membres du commando exhibe une kalachnikov, mais sans tirer. Un des policiers fait alors feu sur la Mégane des voyous. Puis les policiers sont rapidement semés. Le Renault Trafic de la police, qui affiche 178 000 kilomètres au compteur, n’a pas la puissance suffisante pour partir à sa poursuite. Le commando s’échappe.
« Aucune cause sociale à ce déchaînement de violence »
Le quartier de la Busserine est notamment connu des forces de l’ordre pour héberger un trafic de stupéfiants, de shit et de cocaïne. Plusieurs cités des 13e, 14e et 15e arrondissements de Marseille sont touchées par ce trafic. Il y a tout d’abord la cité Bassens, la centrale de vente qui irrigue les cités des alentours, comme les Micocouliers ou la Busserine. La guerre des gangs détenant ce commerce illégal a déjà fait plusieurs morts. Les habitants se souviennent du conflit qui a commencé en 2011 entre Sonny Albarello (mort depuis) et Samy Ati, condamné à 25 ans de prison pour avoir participé à l’assassinat d’Albarello. Une partie des individus qui appartenaient à ce réseau sont aujourd’hui en détention. Mais les policiers rappellent que d’autres condamnés à des peines de 10 à 15 ans recouvrent ces jours-ci leur liberté. Selon eux, ils tenteraient de reprendre pied dans leur business d’antan.
« Il n’y a aucune cause sociale à ce déchaînement de violence, estime Stéphane Ravier, le sénateur-maire de l’arrondissement. La Busserine dispose de tous les équipements et des moyens de transport pour vivre en toute sérénité. Nous avons affaire à une baisse de moyens policiers, et ce ne sont pas les 25 policiers de la police de sécurité du quotidien qu’on va se partager à trois arrondissements très peuplés qui y changeront quoi que ce soit. Les malfrats qui ont tiré à la Castellane sur les autorités policières en 2014 n’ont pris que 13 ans de prison. Ils vont en faire huit et recommencer », se plaint le leader local du Front national.