Marseille : les parents d’Air-Bel sifflent la fin de la récré
Mardi, une violente rixe a éclaté aux abords de l’école d’Air-Bel à Marseille avec un individu s’y réfugiant devant les élèves. Les parents d’élèves manifestent ce matin pour réclamer plus de sécurité et dénoncent l’abandon du quartier.
« 2017-2018. La Ville de Marseille modernise votre école. Air-Bel 2 élémentaire : mise en sécurité de l’entrée ». Le panneau est fièrement affiché devant cet établissement scolaire, au cœur d’une cité guère pimpante de 4 000 habitants, dans le 11e arrondissement de Marseille. Mais hier matin, le message municipal avait une saveur bien amère au regard des événements survenus la veille.
Vers 15h45, une violente rixe a éclaté entre trois individus sur le terrain de sport mitoyen du groupe scolaire, où une classe était de sortie. « Un des jeunes, pour échapper à la bagarre a enjambé la clôture pour entrer dans l’école », relate Danielle Casanova, adjointe (LR) en charge de l’éducation. « Livide et choqué, mais aucunement blessé, il se voyait proposer un verre d’eau par le personnel avant de quitter les lieux », précise dans un communiqué la préfecture de police, qui n’a pu interpeller aucun des protagonistes. Les enfants et le personnel ont été confinés dans les classes.
Divers témoignages évoquent même un coup de feu, mais, selon la police, aucun élément matériel ne permet d’accréditer cet élément. Arme ou pas arme, le problème de fond reste le même pour les parents d’élèves. Hier matin, ils étaient nombreux à faire part de leur colère. « La mairie va entendre parler de nous! », annonce Ida, maman de deux enfants. De fait, quelques minutes plus tard, Sabrina distribue des tracts, réalisés à la hâte, invitant à « une marche silencieuse vers la mairie du 11e-12e ». Celle-ci est prévue ce matin au départ du l’école. « Les petits ont peur de revenir à l’école », s’inquiète Sabrina.
Dès mardi soir, via un communiqué, le maire Jean-Claude Gaudin (LR) annonçait la mise en place « de cellules psychologiques ». Après l’entrée en classes, hors presse, la directrice de l’école maternelle a convié les parents pour une réunion et faire face « à cet accueil particulier », reconnaît-elle brièvement, soumise au devoir de réserve. « Des agents de sécurité de l’éducation nationale sont venus, un diagnostic sur la sécurité va être réalisé et ensuite être envoyé à la mairie pour des travaux si besoin », commente Sabrina, sceptique à l’issue de la réunion.
Prochaine étape : les cercueils ?
Pas certain que cela apaise le courroux des habitants. « Je n’avais jamais vu ça, la prochaine étape, c’est les cercueils à l’école ? », s’interroge Ida. « On ne se sent pas en sécurité, on est délaissé », ajoute Fatima. « Y’a jamais personne [forces de l’ordre], le réseau de drogue se fait devant l’école, pourtant on travaille et paye des impôts », critique Hocine. « Aucun élément ne permet de lier cette rixe au trafic de stupéfiants installé dans la cité », temporise la préfecture, manière implicite de reconnaître l’existence d’un réseau… mais que « les services de police sont pleinement mobilisés » pour les enrayer, « depuis le début de l’année, 38 personnes ont été interpellées dans la cité pour des faits liés au trafic de stupéfiants ».
La présence policière a été renforcée autour du groupe scolaire. « Notre but est de sécuriser l’école et que les enfants y aillent en toute sérénité, expose Danielle Casanova. On va mettre une patrouille aux entrées et sorties de classes, tout au moins le temps que les choses se calment, pour rassurer les parents et montrer que ce ne sont pas les dealers qui gouvernent les cités. » Et après le calme…
Florent de Corbier
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