Marseille : les vigiles délogés de la barrière d’entrée de Sormiou
Derrière la carte postale de Sormiou, des rivalités entre bandes
Ce devait être un dimanche comme les autres pour Mohamed (1). Entrée de la calanque de Sormiou. Le soleil cogne. Les cigales chantent. En ce 22 juillet, 14 h, le vigile vérifie les entrées et sorties au-delà de la barrière d’accès, située juste après la cité de la Cayolle (9e). Plus pour longtemps. Au loin, à pied ou au guidon de scooters, un groupe de jeunes hommes arrive. Ils sont une quinzaine. Mohamed sent l’embrouille venir.
« Pas méchants » selon lui, ils se postent devant lui. Pas besoin de discuter des plombes. « Ici, c’est chez nous« , préviennent-ils. Le vigile et ses associés sont priés de partir. Deux agents de la police municipale aussi. « Qu’est-ce qu’on peut faire dans ce cas ?, s’interroge Mohamed. Ils étaient une quinzaine. Ils n’étaient pas armés mais assez pour se faire respecter. » Pour éviter tout débordement, les agents se mettent à l’écart en attendant les renforts. Le temps d’observer le petit manège…
En temps normal, d’avril à septembre, le passage de cette barrière sur le domaine public est régi par un arrêté municipal. Le contrôle est effectué par un prestataire et ses vigiles. Sauf dérogation, personne ne peut circuler en voiture. Pendant près d’une heure, en ce 22 juillet, tout le monde pouvait entrer avec son véhicule. « Ils étaient galants, ils laissaient passer des filles« , signale Mohamed. L’arrivée de CRS sifflera la fin de la partie. Les jeunes repartent comme ils étaient venus. Pas d’interpellations mais une question. Simple, toute bête : pourquoi ? Mohamed a un début de réponse.
« La semaine précédente, des jeunes des quartiers Nord étaient venus dans la calanque. Visiblement, ça ne plaît pas aux jeunes de la cité de La Cayolle juste à côté. C’est pour ça qu’ils se sont placés au niveau de la barrière« , souffle-t-il.
« Cela porte atteinte à l’image de ce lieu qui est un bijou de notre littoral »
« Pour le moment, il n’y a aucun élément objectif pour affirmer qu’il s’agit de cela, explique-t-on du côté de la direction départementale de la sécurité publique. Mais toutes les hypothèses sont envisagées. » D’autant que le lendemain, dans la nuit du 23 au 24 juillet, l’un des deux bungalows, à l’entrée de la calanque, est parti en feu. Un incendie volontaire. Une enquête a été ouverte. Une autre sur le putsch de la barrière aussi. « Ces investigations peuvent nous mener sur les auteurs de l’incendie« , éclaire une source proche de l’enquête, consciente du passé sulfureux du lieu.
Dans ses archives, elle rappelle le cas de touristes dépouillés au niveau de la cité à proximité. D’un agent de la mairie agressé. « Le problème ici, c’est que c’est un peu une gestion à la marseillaise. L’arrêté de régulation n’est pas vraiment respecté« , regrette la même source.
« C’est faux, réagit Caroline Pozmentier, adjointe LR à la sécurité en charge de l’arrêté municipal sur l’entrée de la calanque. Je déplore et condamne tous les agissements survenus. Cela porte atteinte à l’image de ce lieu qui est un bijou de notre littoral« , souligne-t-elle avant d’ajouter : « La calanque est sous contrôle. La barrière est sous contrôle. » Un peu osé vu le coup de chaud survenu sur les vigiles le 22 juillet. « Oui, bon, c’est vrai, la gestion du site n’est pas tout le temps aisée« , admet l’élue tenant à leur rendre « hommage« .
À la suite des incidents, la Ville de Marseille a augmenté les patrouilles de police municipale sur place. Le préfet de police a aussi été alerté. Des patrouilles de police nationale ont été renforcées. Dispatchés sur le littoral marseillais pour la protection des plages, les CRS se positionnent sur le secteur en différentes périodes de la journée. À ce jour aucun autre incident n’a été relevé.
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