Marseilles : le quartier de Noailles se rénove mais les commerçants réclament plus de sécurité
La réhabilitation en cours de Noailles laisse entendre de futurs changements positifs dans le quartier. Mais la sécurité reste à déplorer d’après les commerçants. Ils s’inquiètent notamment pour l’avenir de la rue Longue-des-Capucins.
Publié le 02/06/2018 à 08:00 Mis à jour le 02/06/2018 à 10:29
Pour y parvenir, il faut descendre le quartier des artistes et emprunter la rue d’Aubagne, puis passer les allées perpendiculaires récemment repeintes et végétalisées. Traverser ce chemin entre épiceries, poteries et décorations ethniques, puis rencontrer Jiji de La Palme d’or. Se parant d’un tablier bleu et de son plus beau sourire, elle confie :
Je suis très satisfaite des améliorations dans le quartier, d’ailleurs, j’ai acheté un nouveau magasin.
Elle traverse la rue, et passe de sa boutique d’épices du monde à celle des objets décoratifs. Elle ajoute :
Aujourd’hui j’ai trois commerces et j’en achèterai un quatrième à la première occasion qui se présentera. J’aime beaucoup cette rue, et mes clients viennent de toutes parts.
Quelques pas plus tard, la rue Longue-des-Capucins. Ici, l’ambiance n’est pas la même. C’est le repère des vendeurs à la sauvette et des pickpockets. La rue souffre de sa réputation au point de perdre ses habitués, à cause des agressions et des vols. La majorité des commerces est une affaire de famille. C’est le cas pour « Le soleil d’Egypte ». Sur les présentoirs, des roulés farcis à la viande, des crêpes mille trous, des beignets de pommes de terre… des recettes égyptiennes et maghrébines préparées à la minute. Elles attirent autant les touristes que les habitués. On y mange sur le pouce mais on y mange bien.
Nous on en peut plus. On ne reconnait plus le quartier, on se sent abandonnés. Nous rencontrons beaucoup de problèmes à cause des pickpockets et des vendeurs à la sauvette. Tous les soirs, à partir de 17h, les disputes commencent. Ils viennent devant nous, ils posent leurs babioles, et nous empêchent de travailler.
raconte Mayssam, la fille des commerçants, avant de poursuivre :
Avec les femmes, ça va, mais avec les hommes ils en viennent aux mains. La police ne nous aide pas. Ce n’est pas cohérent avec le projet du grand hôtel 4 étoiles. A croire qu’ils laissent faire pour nous décourager, pour qu’on abandonne…
Un aller-retour dans la rue et voilà deux policiers nationaux. C’est leur troisième ronde ce matin, et ils assurent passer très régulièrement. Aussi, un policier patrouille tous les jours en civil. L’un d’entre eux, désignant un sachet de tabac précédemment confisqué, s’exprime sur l’organisation des patrouilles :
Nous confisquons leur marchandise comme le tabac. Nous faisons notre maximum, mais nous sommes deux avec mon collègue, et nous nous occupons de 6 arrondissements.
De son coté, la police nationale assure mener une action de sécurisation globale importante en partenariat avec la police municipale.
« Nous intervenons de façon hebdomadaire et quotidienne pour palier les problèmes des vendeurs à la sauvette. Mais rappelons que c’est un quartier très pauvre. Ces personnes ne font pas cela pour s’enrichir, mais seulement pour subvenir à leurs besoins élémentaires. C’est difficile pour la police d’intervenir auprès de gens qui veulent survivre. Pour eux c’est un moyen de subsistance, notamment lorsqu’il s’agit de mineurs errants. Cela n’empêche pas que le secteur Noailles soit prioritaire. Il y a même un dispositif de proximité avec les commerçants qui a été mis en place pour qu’ils puissent joindre la police rapidement en cas d’incidents. »
Plus bas dans la rue, à La boucherie du grand marché, le propriétaire des lieux parle des nouvelles normes d’hygiène :
La nouvelle société de nettoyage fait très bien son travail. En ce qui concerne la propreté nous avons fait un énorme pas en avant. De plus, les nouvelles normes restrictives imposées aux commerçants, visant à mettre de l’ordre dans la rue ont porté leurs fruits. C’est quand même propre à présent.
Mais selon lui, le constat est mitigé, car l’avenir est incertain :
Que va demander la ville quand l’hôtel sera prêt ? Ils vont demander aux commerçants d’investir 70 000 € pour améliorer leur standing ? Tout le monde ne pourra pas le faire. En plus des agressions, et des vendeurs à la sauvette, qui mettent une mauvaise ambiance dans le quartier, cela n’aide pas. Des rondes occasionnelles de la police ne changeront pas les choses. Ils ont laissé faire pendant longtemps, maintenant, ce sera dur pour remettre de l’ordre. Il faut qu’ils y mettent les moyens.
La balade s’arrête sur la place du marché, vidée de ses forains en raison des travaux qui s’achèveront fin mai. Et la vue dominante reste celle de l’hôtel sous son échafaudage. L’inauguration est prévue pour le printemps 2019. Les commerçants, en attendant, devront prendre leur mal en patience.
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