Le ton est donné d’entrée. À l’adresse des adeptes du tout sécuritaire, un peu aussi, à ceux qui croient encore que Minority Report est tiré d’une histoire vraie… « On entend parler de caméra de protection ; le terme n’est pas approprié. Ce sont des caméras de surveillance ; elles ne vont en rien empêcher une agression mais aider à appréhender les auteurs. Il faut souvent le redire. »
La question de la sécurité au sein de l’équipe municipale de Metz est l’affaire de Sébastien Koenig, l’adjoint en charge de la tranquillité publique. Elle est aussi et surtout celle des troupes qui, tapis derrière leurs écrans géants, observent le monde dans ses mille déplacements. Ils sont huit au total, fonctionnaires territoriaux et policiers municipaux (sur les 90 policiers que compte la ville), à se coltiner la tâche, 24h/24 et 7j/7, du visionnage des nombreux écrans du Centre de supervision urbain (CSU), sis à quelques mètres du commissariat de police de Metz. Une proximité naturelle puisque tout ce que voient les premiers est transmis en temps réel et en version light aux seconds. « Nous travaillons évidemment en étroite collaboration, expliquent Olivier Schilli et Bruno Szalamacha, respectivement directeur de la police municipale messine et adjoint. Les nationaux ne disposent pas de toutes ces installations mais ils ont un écran sur lequel nous transmettons les images lorsque survient un événement. »
Nous voilà donc tous regardés, surveillés ; de près si notre attitude suspecte attire l’attention et de très loin si, comme la plupart des citoyens défilant par grappes ou en solitaire sur les écrans, nous n’avons strictement rien à nous reprocher. Mais combien sont-elles au juste toutes ces caméras essentiellement disséminées dans l’hypercentre, les quartiers de la gare, de la Patrotte et de Borny ? « 102 sont actives et trois autres le seront bientôt. »
Des caméras-domes qui tournent sur elles-mêmes et enregistrent en temps réel. Mais aussi de
« Les bornes sont aussi équipées de caméras et d’un interphone, il faut y penser »
s bornes, celles qui surveillent l’entrée du plateau piétonnier. On ne le sait que trop peu, mais elles aussi sont équipées de caméras. « C’est important de le faire savoir, explique Fabienne, une des paires d’yeux préposées au visionnage des écrans et voix douces susceptibles de rassurer ! Ces bornes sont très pratiques. Quelqu’un qui rencontre une difficulté ira toujours plus vite à actionner une borne en appuyant juste sur le bouton qu’en cherchant son téléphone. Il faut y penser lorsque vous êtes à proximité d’une d’entre elles. Nous sommes là pour répondre immédiatement, prévenir la police ou envoyer des secours. L’autre jour, un homme a sonné car un autre était tombé d’un échafaudage. Les secours ont pu agir très vite. »
Parmi les collègues de Fabienne, d’anciens gendarmes ont intégré les troupes de municipaux. La télésurveillance n’a pas toujours été leur outil de travail : « On peut se sentir un peu trop épié mais au final, on se rend vite compte que toutes ces installations nous permettent surtout d’anticiper certains événements. Et surtout, d’aider les collègues, dehors, sur le terrain » considère Guy. Pour Yannick, alias l’œil du tigre, elles évitent aussi et surtout, de truffer les rues d’agents de police. « La société nous oblige à disposer de ce matériel, c’est une réalité. Il faut faire avec. »
Partout ? Presque. Car lorsque vous quittez l’hypercentre, ce sont les caméras du PC de circulation de la ville qui prennent le relais. Là-haut, au-dessus de nos têtes et de nos capots de voiture !
Sur les traces des agresseurs
Les agressions répétées de passants, survenues en janvier dernier dans l’hypercentre ( lire ici, ici, ici, et nos éditions précédentes ) principalement en sortie de discothèque, sont évidemment dans tous les esprits des fonctionnaires du CSU. Et pour cause, l’étroite collaboration avec leurs collègues de la police nationale les conduit régulièrement à faire profiter cette dernière de leur importante banque d’images. Ceci sur réquisition d’un officier de police judiciaire.
Et même si les enregistrements ne sont préservés que huit jours maximum, la multitude de caméras installées ici et là, pallient souvent aux captures disparues. « Un agresseur qui aura agi à un endroit précis mais qu’une caméra n’aura pu capter, le sera forcément par d’autres, explique Olivier Schilli. C’est ainsi que les agissements sont reconstitués et permettent d’appréhender chaque jour des auteurs de délits. »
Ainsi, une centaine de réquisitions sont remises chaque année aux municipaux. Des yeux supplémentaires dont les enquêteurs, sur le terrain, ne pourraient plus se passer.