Meurthe-et-Moselle Homécourt devenue ingouvernable : une enquête préliminaire ouverte contre le maire
L’homme est aux abois, las, désabusé, prêt à jeter l’éponge depuis qu’une plainte pour détournement de fonds publics a été déposée à son encontre. Jean Toniolo, le maire de Homécourt, est dans le viseur d’un collectif de circonstance qui revendique de la transparence dans les affaires communales. Ce groupe s’est constitué au sein du conseil municipal et ressemble à une coalition puisqu’il comprend des adjoints et les deux groupes d’opposition. Une nouvelle force devenue majoritaire qui jure ne pas vouloir la tête du premier magistrat, même si le 11 juillet prochain, à l’occasion du conseil municipal , elle réclamera que toutes les délégations ayant un rapport avec les finances de la ville soient retirées à M. Toniolo. « Nous n’avons plus confiance », argue Alain Aissaoui, premier adjoint. « La suite, c’est à lui de voir, soit il se maintient de force, soit il cohabite. C’est fou qu’en France, un maire d’une petite commune puisse avoir un train de vie présidentiel. » Les hostilités sont lancées, elles ressemblent étrangement au contexte politique dans lequel le pays est plongé depuis le 9 juin dernier.
« Calife à la place du calife »
Cette histoire a éclaté au grand jour le 15 avril dernier, lorsqu’une partie de la majorité a refusé de voter le budget. « Une position qui n’est pas justifiable », estime Jean Toniolo. « Du coup, j’ai retiré leurs délégations à trois de mes adjoints, à des conseillers et dans la foulée, ils ont déposé plainte contre moi pour détournement de fonds. » Le maire jure ne pas savoir sur quels documents se sont basés ses désormais opposants pour, comme il le suggère, « entacher » sa réputation. « Leur but est de devenir calife à la place du calife. » Dans le viseur, Alain Aissaoui. « Effectivement, lorsque je me déplace en tant qu’élu, cela génère des frais. Et justement les factures doivent être approuvées par les élus. C’est ce qu’ils ont fait. Aujourd’hui, ils me le reprochent »
Son de cloche différent du côté du collectif. « Nous avions des soupçons sur la gestion de l’argent public par M. Toniolo. Nous lui avons demandé certaines pièces. Il a refusé. Ça nous a mis la puce à l’oreille et nous avons été obligés de mandater un huissier pour récupérer les documents. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. » Alain Aissaoui ne veut pas en dire plus sur les trouvailles. « C’est désormais entre les mains de la justice. » Le parquet vient d’ordonner une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, faux et usage de faux à l’encontre du premier magistrat homécourtois. Ce qui va permettre aux forces de l’ordre de pousser leurs investigations. Jean Toniolo est sidéré. Et comme si le sort s’acharnait sur lui, il y a quelques jours, l’élu a été destinataire de menaces homophobes. Il a déposé plainte. « Non seulement on veut ruiner ma carrière politique, mais aujourd’hui on s’attaque à ma vie privée. C’est immonde ».