Meurtre d’Aurélie Fouquet : sur le banc des accusés, un Redoine Faïd « arrogant »
Les enquêteurs voient en l’homme de 43 ans le cerveau du braquage avorté qui a conduit à la mort de la policière de 26 ans en 2010.
SOURCE AFP
Au bout d’un banc des parties civiles, toute menue : Élisabeth Fouquet a perdu sa fille Aurélie le 20 mai 2010, tombée sous les balles d’un commando de braqueurs à Villiers-sur-Marne, non loin de Paris. Dans le box des accusés, Redoine Faïd, 43 ans, chemise blanche, visage rond barré d’épais sourcils noirs, semble détendu. Celui qui se présente comme « attaché commercial » nie toute implication, mais les enquêteurs voient en lui le cerveau du braquage avorté qui a conduit à la mort de la policière de 26 ans.
« Moment de vérité »
« C’est très, très compliqué de se retrouver face à un Redoine Faïd absolument arrogant », souffle Élisabeth Fouquet de sa voix douce, lors d’une suspension d’audience. « Je ne m’attendais pas à ça », ajoute-t-elle. De cette confrontation, Me Laurent-Franck Liénard, avocat des proches de la jeune policière, espère pourtant qu’il sortira un « moment de vérité ».
Au total, huit hommes, qui presque tous ont le même crâne lisse et la même silhouette trapue, comparaissent. Un neuvième, porté disparu après avoir été sans doute gravement blessé lors de la fusillade en 2010, est jugé en son absence. Un frère de Redoine Faïd, détenu en Algérie, fait l’objet de poursuites distinctes.
Tous ces hommes, aux casiers souvent surchargés, seraient à des degrés divers impliqués dans ce que le parquet a qualifié d’« opération de guerre », dont Redoine Faïd serait l’« organisateur ». S’il n’est pas accusé de meurtre comme Rabia Hideur, Daouda Baba et l’absent Olivier Tracoulat, le « caïd des cités » autoproclamé risque néanmoins la perpétuité, notamment pour « récidive de participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ». Lundi après-midi, la longue lecture de l’ordonnance de mise en accusation a souvent rappelé ces films d’action que Redoine Faïd aime tant.
Comme dans un film d’action
Tout part d’un projet de braquage de fourgon blindé – le jeudi 20 mai 2010, avant un week-end prolongé, il en circule de richement chargés. Le plan est aussi méticuleux que spectaculaire : plusieurs équipes, des armes de guerre, des explosifs, des gilets pare-balles, un poids lourd pour bloquer la route… Mais il va dérailler.
Vers 9 h 15, des policiers prennent en chasse à Créteil, près de Paris, une camionnette portant des impacts de balles. Les occupants, qui dans leur fuite folle changeront trois fois de véhicule, tirent au fusil à pompe et à l’arme automatique, lancent lacrymogènes et extincteurs, blessent des automobilistes sur l’autoroute. À Villiers-sur-Marne, ils ouvrent le feu sur un véhicule de police municipale. À son bord, Aurélie Fouquet est mortellement touchée à la tête, tandis que les malfaiteurs prennent la fuite.
L’enquête commence fort avec une première interpellation-clé dans la soirée, mais bute ensuite sur la « loi du silence » qu’observent les divers suspects, pour reprendre le terme des enquêteurs. Ce n’est que fin juin 2011 que Redoine Faïd est interpellé.
« Je crains que sa réputation ne l’ait poursuivi », a dit mardi son avocat Christian Saint-Palais, appelant à « faire fi de l’émotion » et de « la médiatisation ». Cette médiatisation, son client lui-même l’a nourrie avec constance. En 2010, quelques mois après la mort d’Aurélie Fouquet, il signe avec un journaliste un livre dans lequel il affirme s’être repenti, tout en livrant force détails sur ses exploits. L’ouvrage le présente en ces termes : « Loin des crapuleries des racailles des quartiers, Redoine Faïd fait partie de l’aristocratie des braqueurs. » En 2013, une évasion spectaculaire fait de lui, pendant six semaines, l’homme le plus recherché de France. Mercredi, Redoine Faïd tiendra à nouveau la vedette : la cour d’assises examinera, pendant tout l’après-midi, sa personnalité.
source : http://www.lepoint.fr/justice/la-famille-fouquet-souhaite-des-reponses-01-03-2016-2022071_2386.php