Meurtre de Palavas : des profils étranges et un acte « qui n’est pas rationnel »
Le profil et les motivations du suspect et de son ami intriguent les enquêteurs. Ils avaient été contrôlés à deux reprises pour des faits sans gravité peu avant le meurtre.
Le drame de mercredi à Palavas-les-Flots n’a pas encore livré toutes ses clés. Il s’agit d’une affaire complexe dont de nouveaux éléments ont été révélés, ce vendredi, par le parquet de Montpellier “selon ce que l’on a pu reconstituer”, a d’emblée précisé son représentant Christophe Barret. À ce stade, de nombreuses zones d’ombre persistent.
Les yeux maquillés
Retour sur le front de mer, en début de soirée, boulevard Sarrail. Un peu avant 19 h, des gendarmes mobiles en civil sont apostrophés sur le boulevard Sarrail par deux jeunes de 22 ans au look “décalé” et au comportement pour le moins “étrange”, “hurluberlu”. Leurs yeux maquillés en forme de lunettes de soleil. L’un porte un chapeau et fume un gros cigare. L’autre est vêtu d’un short et d’une cravate.
Comme deux “clowns” qui ne cherchent pas vraiment à faire rire. Mais ils ne démontrent “aucune agressivité particulière, ni verbale ni physique”. Les deux militaires mettent en alerte leurs collègues en patrouille sur le secteur. Sous leurs yeux, les individus grimpent dans leur véhicule garé à proximité, une fourgonnette bleue, et empruntent un sens interdit. Les patrouilleurs interviennent et les verbalisent.
Il déchire une liasse de billets
Ils apparaissent toujours calmes mais, pendant que les gendarmes vérifient leurs identités et la plaque du véhicule dans les fichiers des personnes recherchées et des immatriculations, l’un d’eux attrape une liasse de 300 € et la déchire. Étrange mais rien d’agressif, de menaçant ni d’outrageant à l’encontre des uniformes.
Entre-temps, le duo est signalé à la police municipale. Alors que les gendarmes attendent les résultats de leurs recherches, ils aperçoivent l’un d’eux converser avec un homme sur le pas d’une porte, à quelques mètres de là, rue des Dunes. Il s’agit de Pierre-Alain Hazem, 60 ans, la victime. Quelques minutes plus tard, c’est le drame. Le retraité est poignardé d’une dizaine de coups de couteau. “Nous n’avons pas de témoin direct des coups portés”, même si de nombreux témoins ont été auditionnés.
« Troubles de la personnalité très importants”
On sait que le suspect principal, appréhendé très rapidement sur les lieux, n’a pas pu être entendu en raison de son état mental : “Il souffre de troubles de la personnalité très importants”, incompatibles avec la garde à vue. Il a été hospitalisé d’office à la Colombière.
Quant à son compagnon, dont les enquêteurs ne sont pas “certains” de la présence sur les lieux au moment des faits, placé à peine quelques heures en garde à vue, il a subi le même sort. “Il a pu être brièvement entendu mais son état de confusion mentale était tel que nous n’avons pas pu obtenir de précision sur le déroulement des faits”, indique le procureur, qui avance que celui-ci “pourrait a priori être hors de cause”.
L’épouse du défunt, très choquée, n’a pas encore pu être auditionnée. Il est probable qu’elle ait ouvert la porte quand le suspect a sonné. Après l’attaque, elle l’a poursuivi et frappé à mains nues. La clameur des badauds a alerté les gendarmes tout proches.
Aucun lien « direct » avec la victime
Si aucun défèrement ni mise en examen n’a pu être effectué à ce stade, l’enquête de gendarmerie confiée à la brigade de recherche de Lunel est loin d’être achevée. “Nous allons essayer de préciser si des éléments quelconques ont pu provoquer ce comportement manifestement anormal et d’une violence extrême.”
Selon les premières investigations, les deux hommes n’avaient aucun lien “direct”. Si ce n’est que l’agresseur connaissait le propriétaire de la maison où résidait le retraité agressé. “On est manifestement dans quelque chose qui n’est pas rationnel”, donne en première analyse Christophe Barret. Un couteau a été saisi sans que l’on sache où il a été découvert par les gendarmes mais il doit encore faire l’objet d’investigations pour le rattacher sans conteste au crime.
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