La juge d’instruction en charge de l’enquête sur le meurtre de Sarah Halimi à Paris en avril 2017 a retenu mardi le caractère antisémite du crime, réclamé de longue date par le parquet et les parties civiles, a indiqué une source judiciaire.
Déjà mis en examen pour le meurtre de cette femme juive orthodoxe, le suspect Kobili Traoré « a été entendu aujourd’hui par le magistrat instructeur » qui a retenu cette circonstance aggravante, a précisé cette source.
Un trouble psychotique qui n’écarte pas la responsabilité pénale
Durant la nuit du 3 au 4 avril, dans un HLM de l’est parisien, Kobili Traoré, 27 ans, s’était introduit dans l’appartement de sa voisine de 65 ans, Lucie Attal, aussi appelée Sarah Halimi. Aux cris d' »Allahou Akbar », entrecoupés d’insultes et de versets du Coran, le jeune homme l’avait rouée de coups sur le balcon, avant de la défenestrer. « J’ai tué le sheitan » (le démon, en arabe), avait-il hurlé.
La mort violente de cette femme avait ravivé le débat sur la persistance d’un antisémitisme dans les quartiers populaires sous l’effet d’un islam identitaire. Interné aux lendemains du drame, Kobili Traoré avait été mis en examen le 10 juillet pour meurtre. L’expertise psychiatrique, rendue en septembre, a conclu que le suspect avait été pris cette nuit-là d’une « bouffée délirante aiguë » après une forte consommation de cannabis, mais que ce trouble psychotique n’écartait pas sa responsabilité pénale et n’était « pas incompatible avec une dimension antisémite ».