Meurtre lors des fêtes de la Saint-Privat : l’accusé condamné à trois ans de prison
La légitime défense n’a pas été retenue, hier soir, par les jurés et les magistrats de la cour d’assises du Tarn. Le commerçant a été condamné à 3 ans de prison pour la mort de Franck Durand, en août 2013 à Carmaux.
La décision de la cour d’assises du Tarn, hier soir, a laissé un arrière-goût amer aux deux parties. Aux trois avocats de la partie civile, mais aussi au ministère public qui avait requis 7 ans d’emprisonnement à l’encontre de Nasserdine Naif Mohammed, reconnu coupable de violence avec une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Grosse déception également pour les deux avocats qui ont plaidé l’acquittement de l’accusé au bénéfice de la légitime défense.
Pas convaincus de son entière responsabilité dans l’enchaînement des faits qui ont conduit à la mort de Franck Durand, le soir du 24 août 2013 aux fêtes de la Saint-Privat à Carmaux et pas convaincu par les principes de base de la légitime défense, les jurés et la cour l’ont condamné à une peine de 3 ans de prison. Nasserdine, qui avait effectué 9 mois de détention provisoire, a comparu libre pendant les trois jours de son procès. Hier, il a passé sa première nuit en prison.
Pas de permis de tuer
Les avocats de la partie civile ont tablé, chacun, sur un registre différent. Me Emmanuelle Pamponneau, pour le jeune Cyril, blessé au bras, a remis en doute le fait «qu’il y ait eu une impression de lynchage par une meute de chiens enragés. Il n’avait pas à se faire justice lui-même». Me Frédéric Albarède, pour la famille de la victime, a tenu à rappeler que «Kévin n’est en aucun cas responsable de la mort de son père. Ce n’est pas lui qui tenait le couteau, c’est lui qui était en état de légitime défense !» Me Younès Derkaoui, qui représente Kévin, a mis en avant le parcours émaillé de difficultés familiales et scolaires du jeune carmausin.
Pour l’avocat général, Alain Berthomieu, «il n’y avait pas de danger imminent et grave, il s’est mis volontairement dans cette situation. La légitime défense ne tient pas. Ne lui accordez pas le permis de tuer !»
Pas d’accord Me Jean-Baptiste Alary qui assure la défense avec Me Laurent Boguet. «Le droit, le devoir de la légitime défense ne sera jamais un permis de tuer ! L’instinct de survie ne mérite pas une condamnation. Accordez-lui le droit de s’être accroché à sa vie».
«Il s’est vu mourir dans cette attaque soudaine, brutale et en nombre, rappelle Me Boguet. Acquittez-le au bénéfice de la légitime défense !» Trois ans, une peine de principe. Un demi-acquittement pour masquer timidement la légitime défense ? En tout cas, une peine difficile à cerner.