VIDÉO – Les militaires mexicains ont pris mardi le contrôle du siège de la police municipale et ont arrêté deux fonctionnaires soupçonnés de collusion avec le crime organisé.
Du jour au lendemain, la ville d’Acapulco s’est vue privée de sa police municipale. Mardi, aux alentours de midi, son quartier général a été encerclé par un impressionnant dispositif militaire. Une centaine de soldats de la Marine, avec l’appui de policiers fédéraux et régionaux, ont alors investi le bâtiment. Leurs missions: désarmer les policiers municipaux et faire l’inventaire de leurs armes, gilets pare-balles et autres radios. Le responsable municipal de la sécurité publique, Max Lorenzo Sedano et tous les agents sous ses ordres font désormais l’objet d’investigations en raison de leur «possible collusion avec le crime organisé», a expliqué Roberto Alvares Heredia, porte-parole de la sécurité de l’État de Guerrero. En attendant, les missions de police dans la ville sont confiées à l’armée et à des agents fédéraux.
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La justice s’intéresse plus spécialement à deux commandants des forces municipales. Luis Fernando, dit El Fenix, et Brian Antonio, alias El Brayan, sont soupçonnés d’être impliqués dans plusieurs assassinats. Selon le magazine Proceso , les autorités pensent également que les deux hommes sont liés au cartel indépendant d’Acapulco, qui contrôle le trafic de drogues dans plusieurs quartiers de la ville. Son rival, le cartel Beltran Leyva, aurait également gardé ses entrées au sein de la police municipale, croit savoir le quotidien El Universal . La corruption des forces de l’ordre à Acapulco était dénoncée dès 2016 par un ancien responsable de la sécurité publique. «La police municipale ne travaille pas pour le crime organisé. La police municipale est le crime organisé», confiait ainsi Alfredo Álvarez Valenzuela au journal Reforma .
«Perle du Pacifique»
L’infiltration de la police par les cartels est courante au Mexique. Le mois dernier, les autorités menaient un vaste coup de filet contre la police de Tehuacan, dans l’État de Puebla. Sur les 368 agents travaillant soi-disant pour la municipalité, 20 usurpateurs n’étaient pas censés travailler pour les forces de l’ordre. La police municipale mexicaine dispose traditionnellement de peu de formation, de bas salaires, d’un équipement médiocre et manque de moyens pour mener ses enquêtes, ce qui la rend particulièrement vulnérable aux puissants cartels. Ce constat est d’autant plus vrai dans les régions gangrenées par la criminalité. L’État de Guerrero, où se trouve le port d’Acapulco, ne déroge pas à cette règle. Depuis 2014, la police locale a été désarmée dans plus d’une dizaine de villes et villages.
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Avec ses champs de pavot clandestins disséminés dans les montagnes et sa production d’héroïne, le Guerrero sert de centre névralgique pour plusieurs groupes de narcotrafiquants. La région est aussi réputée comme l’un des États les plus violents du pays. L’an passé, 2318 homicides volontaires y ont été dénombrés, chiffre le plus élevé du pays. Et l’année 2018 est en passe de battre ce triste record avec 1507 victimes de janvier à août. À Acapulco, la lutte à laquelle se livrent les cartels a transformé l’ancienne «perle du Pacifique», qui attirait dans les années 1960 le tout-Hollywood, en capitale mexicaine du crime. Les assassinats y sont désormais quasi quotidiens. L’année dernière, la cité balnéaire a ainsi connu un taux d’homicides de 103 pour 100.000 habitants, l’un des plus élevés dans le pays et dans le monde.