Montreuil. Rassemblement pour dénoncer l’omerta après la mort d’Arbi
Samedi soir, un jeune homme a été battu à mort, dans la rue principale de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Plusieurs personnes se sont rassemblées vendredi pour dénoncer l' »omerta » qui entoure la mort du Tunisien de 30 ans.
Comment, un samedi soir sur l’artère la plus fréquentée de Montreuil, Arbi, 30 ans, a-t-il pu être battu à mort sans que personne n’ait rien vu ? Plusieurs dizaines de proches de ce vendeur tunisien se sont rassemblées vendredi pour dénoncer l’« omerta ».
Devant un restaurant de l’avenue de Paris, ses proches, en immense majorité des hommes, ont déposé des fleurs blanches et affiché des photos du jeune homme qui vendait des objets de bazar sur les marchés de Montreuil (Seine-Saint-Denis) et Belleville, à Paris.
« Plusieurs dizaines de personnes qui s’en prennent à un garçon d’1,62 mètre pour 50 kg devant un restaurant… On se croirait au Moyen-Age ! Ca ne devrait pas arriver dans une ville comme Paris », a lâché Saïd Mabrouk, la soixantaine, commerçant.
Roué de coups par « 15 à 20 hommes »
Samedi soir vers 22H00, Arbi a été roué de coups par « 15 à 20 hommes » puis laissé inconscient sur le trottoir, selon une source proche de l’enquête. L’autopsie a révélé des coups violents sur le visage et le corps de la victime, qui souffrait par ailleurs de problèmes cardiaques.
D’après un témoin, le jeune homme, qui se trouvait avec deux amis, avait eu une altercation une dizaine de minutes plus tôt avec le conducteur d’un scooter qu’il avait contraint à freiner alors qu’il traversait la rue. Le trio a ensuite « été pris à partie par plusieurs individus », rejoints par des complices.
Ses deux amis ont réussi à s’enfuir. Leur témoignage sera capital pour tenter d’identifier les auteurs du passage à tabac mortel et établir un lien éventuel avec le différend survenu plus tôt. Mais ils ne se sont pas présentés à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis, chargée de l’enquête, qui n’a pour l’heure recueilli aucun témoignage susceptible de les mettre sur la piste des agresseurs.
« Un différend de voisinage »
« Dans cette rue, il y a une sorte d’omerta. Les gens n’ont pas envie de dire ce qu’ils ont vu », a dénoncé vendredi Lofti Mejbri. Pour ce commerçant, qui décrit la victime comme un jeune homme « gentil, drôle et travailleur », c’est « un différend de voisinage datant de sept mois qui s’est transformé en lynchage ». La « piste d’un différend antérieur est examinée, parmi d’autres », assure un enquêteur.
« La police devrait mettre un peu la pression, il y a des gens qui ont filmé », affirme Walid Kmicha, qui se présente comme un ami et voisin d’Arbi. « On veut que l’affaire avance, que l’on n’oublie jamais », souffle Valérie, la belle-mère du jeune homme, ajoutant qu’il « allait avoir un bébé ».