La cloche vient de sonner, il est midi. Dans les couloirs du collège Curie, c’est l’effervescence, les élèves se dirigent vers la sortie.
Un jeune de 15 ans se tue à moto à Dreux
Et là, stupeur, à une cinquantaine de mètres de l’établissement scolaire, une ambulance, des policiers, un attroupement de jeunes adultes : un engin de rodéo vient encore une fois de tuer, dans un quartier populaire de Dreux.
Cegua Sissoko aurait eu 16 ans en juillet. Il est mort, mercredi 14 juin, à l’hôpital de Dreux, des suites de ses blessures. Une roue arrière, le contrôle de sa moto qui lui échappe et l’engin qui vient heurter un candélabre. Le temps s’est arrêté brutalement pour ce garçon qui habite le quartier des Oriels, avec sa famille.
Difficile de savoir exactement ce qu’il s’est passé, rue du Lièvre-d’Or, mercredi 14 juin, en fin de matinée.
Mort d’un jeune à Dreux : la douleur sous un linceul de lacrymogènes
Pour les policiers de Dreux et le procureur de la République, Rémi Coutin, on est dans la situation classique d’un accident avec un seul véhicule : « Une enquête en flagrance est ouverte. Il y aura peut-être une autopsie ou un examen du corps. C’est tout ce que l’on peut dire en l’état actuel de l’enquête. »
Depuis les premières heures de l’accident, des témoins évoquent la présence d’une voiture grise : « Le jeune roulait rue du Lièvre-d’Or, en direction de la place des Oriels. Une voiture arrivait à ce moment ». Aucun d’entre eux ne peut dire si la voiture a heurté le motard ou s’il a fait un écart pour l’éviter, perdant le contrôle.
« Sidérés par cette scène »
Voiture ou pas, simple rumeur ou information que l’enquête devra vérifier, le résultat, mercredi 14 juin au soir, est le même : Cegua Sissoko vient allonger la liste des victimes de mort violente dans les cités drouaises.
Un accident de plus, vécu presqu’en direct par les collégiens des Oriels. Un habitant du quartier déplore : « Une quarantaine de gamins se sont attroupés près de l’accident. Il y avait même des écoliers parmi eux. Les autres étaient assis à l’arrêt de bus, sidérés par cette scène ».
Outre la mort d’un garçon de 15 ans et demi qui était scolarisé, il y a encore quelques semaines, au lycée des Métiers Gilbert-Courtois, les collégiens ont vécu l’atmosphère étrange de cet accident.
Mort d’un jeune en rodéo à Dreux : « La police ne peut pas tout, toute seule »
L’arrivée des secours qui ont du mal à travailler, la police municipale prise à partie et dont la voiture est dégradée. Le renfort des policiers nationaux pour permettre aux ambulanciers et urgentistes de mener leur mission, tout en veillant à ce que la moto ne se volatilise pas, comme c’est souvent le cas dans ce contexte.
« Difficile de grandir dans cet univers parallèle »
« C’est difficile de grandir et de se construire comme citoyen, dans cet univers parallèle où les règles ne sont pas les mêmes que dans le reste de la ville ».
Certains collégiens connaissaient bien Cegua Sissoko. Ils vont jusqu’à l’hôpital en espérant vaguement qu’on va leur annoncer qu’il est sauvé. Ils restent en retrait des urgences et des gaz lacrymogènes. Un père de famille, qui est allé aux nouvelles, revient vers eux : « Il est mort ! » Le sourire de Halima s’efface : « Il était dans la classe de ma cousine. C’est si triste ! »
Le parking des urgences se vide. La rue du Lièvre-d’Or est déserte. Les Oriels entament une trêve des rodéos le temps d’un deuil. Combien de temps ce silence de mort recouvrira le bruit furieux des moteurs ?
Valérie Beaudoin