Mort d’une policière municipale : le Creillois Jean-Claude Bisel nie avoir enterré le corps d’un coaccusé
Un anonyme dit que Bisel a tué son beau-fils, Saber O., à Creil parce qu’il voulait «balancer». Bisel, l’un des neuf accusés dans l’affaire du Val-de-Marne, nie ce mobile.
Jean-Claude Bisel en sait-il davantage sur ce qu’est devenu Olivier Tracoulat ? Ce dernier, on en est sûr, faisait partie du commando qui s’apprêtait à braquer un fourgon blindé en mai 2010 à Créteil. Quand la fusillade a éclaté à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), le Creillois a été touché par les tirs de Thierry M., le coéquipier d’Aurélie Fouquet, policière municipale qui a été tuée par les malfaiteurs. Le sang de Tracoulat a en effet été retrouvé sur les lieux du crime.
Dans le box des accusés de la cour d’assises de Paris, Jean-Claude Bisel dénote. Assis sagement à l’extrémité du banc, au plus loin des jurés, à 58 ans, il est le plus vieux des neuf hommes poursuivis. Pas grand, avec sa coupe classique, il est le seul à ne pas avoir le crâne rasé.Il habitait dans le même immeuble de la rue Guynemer à Creil que celui de Redoine Faïd, le cerveau présumé du commando. Bisel risque trois ans de prison à l’issue de ce procès. Il n’est poursuivi « que » pour « soustraction d’un criminel à l’arrestation ou aux recherches ». Tracoulat, gravement blessé, a été emmené dans un fourgon à Villers-Saint-Paul, près de Creil, après la fusillade mortelle. Ses complices ont cherché un médecin pour le soigner. Jean-Claude Bisel soutient qu’il ne connaissait pas personnellement, Tracoulat, et qu’il s’est contenté de « veiller » sur lui.
Un anonyme a envoyé fin février à la police de Creil une lettre pour expliquer une autre version. Il explique qu’Olivier Tracoulat est bien décédé des suites de ses blessures. Et que Jean-Claude Bisel, accompagné de son ex-gendre, Saber O., est s’est rendu en Belgique pour enterrer le corps clandestinement. Et si Bisel a tué Saber O., à la kalachnikov en mars 2015 sur les hauteurs de Creil, c’est parce que la victime menaçait de tout balancer aux autorités.
Dans le box, Jean-Claude Bisel a jugé cette version « abracadabrantesque », il s’agit pour lui d’une « affabulation farfelue ». Oui, dit-il, c’est bien lui qui a abattu Saber O., le 2 mars 2015, alors que la victime était au volant de sa Peugeot 206, face à la Poste de la Cavée de Senlis. Il a d’ailleurs agi à visage découvert. Son crime n’a, selon lui, aucun lien avec l’affaire du Val-de-Marne. Il dit être tombé sur une connaissance qui avait l’arme dans son coffre, « dans un concours de circonstance », puis avoir rencontré Saber O. Bisel dit qu’il « a perdu pied », lassé que sa fille se fasse agresser par la victime.
Le quinquagénaire soutient qu’il n’aurait pas pu enterrer un homme comme cela, clandestinement, parce qu’il a « des convictions catholiques ». Pour lui, le meilleur aurait été que ceux qui sont impliqués aient déposé le corps d’Olivier Tracoulat devant le commissariat « pour que sa famille puisse l’enterrer dignement ».
Curieux personnage que ce Jean-Claude Bisel. « Autoentrepreneur dans le bâtiment », ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve devant une cour d’assises. L’homme a fait partie de la bande de Redoine Faïd (qu’il a entraîné au football et fait embaucher dans son entreprise). Il a écopé de 7 ans de prison pour avoir participé à la séquestration du directeur de la banque BNP et de sa famille, à Creil, en 1995, pour un butin de 30 000 euros. « Au début, il y a eu un désistement. Alors j’ai donné un coup de main », se justifie-t-il. Le Creillois en serait presque à se positionner en victime : « C’est possible qu’on ait abusé de ma gentillesse ».
Il comparaîtra de nouveau devant une cour d’assises, celle de l’Oise, pour le meurtre de son ex-gendre.
GAUTIER LECARDONNEL
source : http://m.courrier-picard.fr/region/mort-d-une-policiere-municipale-le-creillois-jean-claude-ia0b0n735854