Moutiers | Faits divers Vandalisme et vols : les défunts ne reposent plus en paix
Photo HD A part provoquer une prise de conscience chez les auteurs des incivilités, difficile de trouver un moyen pour mettre un terme à ces agissements. Photo RL
Coupes de fleurs volées, plaques commémoratives disparues, vases cassés… Les dégradations ont été nombreuses au cimetière de Moutiers, dans les jours ayant suivi la Toussaint. C’est ce qu’ont déploré les familles qui sont revenues voir cette semaine leurs proches disparus, alors que tout était normal le 1er novembre. Mais en réalité, ce triste phénomène se répète régulièrement, tout au long de l’année.
Comme le témoigne, sous couvert d’anonymat, cette dame venue se recueillir sur la tombe de son père : « Encore une fois ! C’est honteux, ces gens sont sans scrupule ! Ils ne respectent même plus les morts ! Sur la tombe de mon père, la plaque s’est volatilisée, le vase a été explosé et bien sûr, les fleurs ne sont plus là. » A deux doigts de laisser couler des larmes sur ses joues, elle ne mâche pas ses mots : « Même les plaques sans nom disparaissent. Aujourd’hui, je viens remettre des fleurs artificielles sur la tombe de mon père. Mais je sais que la semaine prochaine, elles n’y seront plus. »
Les voleurs revendent-ils les fleurs ?
Il y a les disparitions de plaques, mais pas que. Nathalie, une autre « victime collatérale » de ces dégradations, confie : « Ils déplacent aussi les objets d’une tombe à l’autre. Regardez : mon oncle s’appelait Louis M et ma tante, Marie M. Et ce sont les initiales CR marquées sur ce vase. Ce n’est pas le leur ! »
Chantal, une troisième dame, embraye : « Pour l’anniversaire de mon mari, je suis allée déposer un gros bouquet de roses rouges sur sa tombe. Il était 11h environ. A 14h, ma fille est passée et le bouquet n’y était déjà plus… » Chantal se pose la question : les voleurs « ne revendent-ils pas les fleurs ? Que faire. »
On a posé la question au maire Rémi Vidili. « C’est plus des vols que du vandalisme, démarre l’édile. Même la tombe de mes parents n’a pas été épargnée ! Mais le problème est le même partout : tous les cimetières sont touchés. » L’élu reconnaît néanmoins que celui de Moutiers est davantage exposé à ces actes sans foi, et au mépris de la loi, du fait de son isolement. Situées dans la partie basse de la commune, les dernières demeures des défunts sont éloignées des habitations des vivants. « Non seulement le cimetière est isolé, mais en plus il n’est pas éclairé. On a une quinzaine de caméras de surveillance dans la commune. On pourrait en rajouter une seizième au cimetière mais comment l’alimenter en électricité ? Il n’y a pas de câblage là-bas. Quand des inhumations ont lieu, on est obligé de ramener un groupe électrogène pour la musique. »
Décès, fleurs fraîches et surveillance
« On n’a pas non plus de police municipale », poursuit Rémi Vidili. Et comme la police nationale n’a pas encore le pouvoir de dupliquer des patrouilles statiques dans chaque commune des circonscriptions qu’elle couvre, il ne reste plus qu’une seule solution aux yeux de notre interlocuteur. Efficace, mais contraignante, la solution : « Il faut surveiller soi-même la nuit. Moi, je ne peux pas le faire, hein !, sourit-il du haut de ses 70 printemps. Mais un ou plusieurs habitants volontaires peuvent le faire. Il suffit de le faire au lendemain d’obsèques, quand les fleurs sont encore fraîches… »