Alors qu’un grand débat était ouvert à l’occasion du dernier congrès des maires de France sur la future police de sécurité du quotidien, dans le même temps ou presque, un policier et sa compagne étaient roués de coups devant leurs enfants alors qu’ils revenaient d’une soirée entre amis.
La veille, c’est un autre policier qui était agressé gare de Lyon, alors qu’il tentait de s’interposer dans une altercation violente entre passants.
Aujourd’hui, ce sont les pompiers qui, via leur fédération nationale, tirent la sonnette d’alarme suite à l’augmentation alarmante du nombre des agressions dont les soldats du feu sont victimes lors de leurs interventions (+17,6 % en 2016, selon le dernier rapport de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales).
À ce triste tableau pourraient s’ajouter les violences, agressions et guets-apens dont sont également victimes, dans de nombreuses villes de France, de nombreux policiers municipaux. Et ces violences, faites à l’ensemble des forces de l’ordre, n’interviennent plus uniquement dans le cadre de leurs missions. Au contraire, elles sont de plus en plus souvent commises dans le cadre de la sphère privée, alors que les intéressés ne sont pas en service.
En dehors des faits eux-mêmes, un lien commun semble relier l’ensemble des ces événements : le silence généralisé et l’absence de réponses adaptées des pouvoirs publics, face à ce qu’il faut bien considérer comme une dérive gravissime du fonctionnement de notre société.
Car le constat est, bien entendu, alarmant. Non seulement « la peur du gendarme » n’existe plus mais, de plus en plus souvent, les auteurs de ces agressions agissent de façon totalement délibérée et sont parfaitement conscients de la qualité des personnes qu’ils violentent. Quand ils ne revendiquent pas carrément leurs actions !
Malheureusement, il y a fort à parier que cet aspect des choses n’ait pas été abordé par nos élus lors du congrès des maires. Pourtant, les maires sont souvent les premiers témoins de ces dérives sécuritaires et pourraient, s’ils en avaient le courage, peser lourdement sur la politique pénale dans notre pays. Au lieu de ça, c’est l’idéologie du « vivre ensemble », du « pas d’amalgame » et du chacun pour soi qui prend le dessus, laissant policiers, gendarmes, pompiers et autres agents de l’État ou des collectivités concernés face à une situation qui n’est plus tenable et de moins en moins gérable.
Dès lors, il ne faut donc pas s’étonner que des pans entiers de nos territoires soient devenus inaccessibles aux lois de la République. Que des ghettos se constituent où les forces de l’ordre n’osent plus s’aventurer, et pour lesquels nos politiques brûlent des cierges afin qu’aucun événement fâcheux ne vienne perturber leur sacro-sainte paix sociale.
C’est dans ce contexte que se débat et se prépare actuellement la « nouvelle police de sécurité du quotidien » chère à Macron. Sans doute sera-t-elle du meilleur effet dans les beaux quartiers, où l’on ne manquera pas de doter policiers et gendarmes de matériels flambant neufs sur lesquels une presse souvent aux ordres ne tarira pas d’éloges. Mais dans d’autres lieux, ceux qui, de plus en plus nombreux et incontrôlés, sont aujourd’hui entre les mains des dealers et des bandes, ceux dans lesquels une population déjà défavorisée vit dans la terreur quotidienne, n’osant plus sortir une fois la nuit tombée, la police de sécurité du quotidien n’aura pas droit de cité. Elle se limitera à quelques visites présidentielles ou ministérielles de circonstance qui ne laisseront aux habitants que leurs yeux pour pleurer sur les décombres d’une République qui les a déjà abandonnés.