Ce père d’une famille d’accueil a été condamné mercredi 18 octobre à cinq ans de prison par le tribunal correctionnel de Nantes. Il a abusé durant six ans d’une petite fille placée chez lui. À l’insu de sa femme, aujourd’hui décédée.
Un père d’accueil a été condamné mercredi 18 octobre à cinq ans de prison devant le tribunal correctionnel de Nantes pour avoir abusé d’une petite fille placée chez lui.
Il tremble, légèrement. Il se gratte parfois nerveusement le cou, sa barbe fournie et ses cheveux blancs ramassés en catogan. Il s’agace aussi parfois, ce mercredi, à la barre du tribunal correctionnel de Nantes (1). Mais il reconnaît les agressions sexuelles sur Pauline (prénom d’emprunt), alors âgée de 3 à 9 ans. Les multiples agressions. Autour de deux cents durant les six années où sa femme et lui, famille d’accueil du Département, l’ont accueillie.
Souvenir enfoui
Longtemps, Pauline, mal dans sa peu, souffrant de douleurs thoraciques, ne s’est souvenue de rien. C’est en 4e, lors des cours de sciences naturelles sur le corps humain, que « c’est revenu ». En partie seulement. Car, des deux cents agressions, elle ne s’en remémore que de deux. Dont cette fois où il avait pris de force ses mains pour le masturber. Elle s’était débattue. Si fort qu’elle en porte encore les stigmates sur son poignet, qu’elle montre à la présidente du tribunal.
Elle a hésité à parler, à confier son calvaire. « Pour ne pas faire de mal » à celle qu’elle appelait « Tata », la mère de la famille de l’accueil, la femme du prévenu. Quand elle est décédée, Pauline a pu franchir le pas. Raconter son « calvaire ».
« Il lui a volé son corps »
Aujourd’hui, cette jeune fille, âgée de 20 ans, fait face à la barre du tribunal. Fébrile mais « courageuse », comme le dit son avocate, Florence Garcia. Qui tente d’expliquer pourquoi sa jeune cliente, aujourd’hui vendeuse, a oublié la très grande majorité des agressions qu’elle a subies. Elle cite les travaux de la psychiatre Muriel Salmona : « La violence de l’agression envoie une décharge électrique au cerveau. Qui se déconnecte tant le signal est fort… » Elle ajoute : « Cet homme lui a volé son corps. Ce qu’elle attend de ce procès, c’est qu’il ne puisse plus s’approcher de ses quatre petites-filles. »
Regrets
La procureure, Elsa Guyon, enchaîne : « Ce sont de viols qu’il s’agit ! Est-il capable de récidiver ? En l’écoutant, je constate que, depuis qu’il est sorti de ses cinq mois de détention provisoire, le psychiatre n’a pas fait de miracle ! Il n’a compris comment il a pu commettre ces faits innommables ! Comme le montre l’un des experts, il est d’une froideur affective » Elle requiert sept ans de prison. Et demande que ce père de trois enfants retourne en prison après ce procès.
« Injustifié, selon l’avocate de la défense, Juliette Turpeau. Il regrette réellement les faits. Il les assume du mieux qu’il peut. Depuis sa sortie de prison, il a scrupuleusement respecté son contrôle judiciaire. Aucun autre enfant n’a dénoncé d’autres agressions. » Elle évoque les quatorze autres enfants, placés dans la famille, mais dont les séjours furent beaucoup plus courts.
Il ne sera finalement pas écroué. Il est condamné à cinq ans de prison ferme. Il lui est interdit d’entrer en contact avec la victime et des mineurs, sera inscrit au fichier des délinquants sexuels. Et devra verser 12 000 € à Pauline.
(1) Les viols relèvent de la cour d’assises. Mais peuvent être « correctionnalisés » avec l’accord des victimes pour que l’affaire soit jugée plus rapidement.