Nantes. Insécurité, manque de reconnaissance : le ras-le-bol des brocanteurs de la place Viarme
08/03/2017 – 07H30 Nantes (Breizh-info.com) – Chaque samedi matin place Viarme à Nantes, se tient une brocante qui est le rendez-vous obligé des chineurs de la capitale bretonne et d’ailleurs – elle est hebdomadaire, même l’hiver, contrairement à beaucoup d’autres. Mais les commerçants se plaignent d’être victimes de nombreux vols et, contrairement aux grands marchés nantais (Petite Hollande, Talensac, Américains, Zola), ils ne bénéficient guère de l’attention de la police municipale.
« Quand on voit que le prix de l’emplacement ne cesse d’augmenter, la moindre des choses serait d’avoir un peu plus de sécurité. Je paie maintenant 200 € par trimestre », témoigne cet abonné. « Il y a des vols constants, les gens passent et piquent sur les étals, on en a repéré plusieurs qui font ça très régulièrement », continue-t-il. « On a un placier efficace qui fait remonter les infos, mais il n’y a jamais aucun retour », affirme-t-il, avant de prévenir : « Si on chope des voleurs avant les flics, ça ira très mal pour eux. Avec les copains, on en a marre d’être livrés à nous mêmes face à la délinquance ». A bon entendeur…
Un autre commerçant renchérit : « Plutôt que de mettre des PV tout autour et faire fuir nos clients, la police municipale serait nettement plus appréciée si elle venait ici pour marquer sa présence et dissuader les voleurs. Je fais mes courses à Talensac, depuis quelques semaines on voit la police municipale sous la halle, résultat,il n’y a presque plus de pickpockets, ça leur fait de l’effet. Il serait bien d’avoir la même chose ici. Vu ce qu’on paie, ce serait bien de bénéficier d’un peu de services de la part de la mairie ».
En deux ans, depuis 2015, les tarifs des emplacements se sont en effet appréciés de 4,10% pour les passagers et 5,19% pour les abonnés. Au 1er janvier 2017 ils s’élèvent à 1,27 € au m²/jour pour les passagers, et 8,41€ pour les abonnés au trimestre. « Notre clientèle n’a pas augmenté d’autant », affirment en choeur commerçants abonnés ou passagers .
« La brocante de la place Viarme : une institution abandonnée par la mairie »
Au contraire, on ne peut se départir d’une certaine impression de déclin. Pour Marc, un passager installé dans le bas de la place, « l’hiver il y a clairement moins de monde. Mais dès que les beaux jours arrivent, on brasse beaucoup d’argent ». Cependant il n’est plus rare de voir les mêmes marchandises exposées deux, voire trois semaines de suite sur nombre d’étals, ce qui n’arrive que très rarement sur d’autres grandes brocantes hebdomadaires, comme celle d’Orléans. « Pour s’en sortir, la solution c’est de tout le temps proposer des choses différentes », confie Marc, pour qui « les vide-greniers et internet ont mis fin à l’âge d’or des brocantes, les gens chinent moins, mais ils achètent toujours soit en fonction de leurs souvenirs de jeunesse, soit de leur collections. Ils sont plus spécialisés ».
Serge, brocanteur à Sautron, trouve que « place Viarme, c’est une institution, mais elle est abandonnée par la mairie qui ne fait rien pour la mettre en valeur. Les parkings tout autour sont payants, les PV pleuvent, ça décourage les gens. Puis mettre les vide-greniers des particuliers au même endroit, dès le lendemain, c’est aussi un peu indélicat envers les professionnels. Il y a d’autres endroits dans Nantes. C’est dommage pour la place Viarme, qui est un très bel endroit où les gens se retrouvent, qui brasse toutes les couches de la société ».
Eric, brocanteur abonné situé au début du marché, trouve que « un peu de publicité municipale au sujet de la brocante de la place Viarme ferait beaucoup de bien ». Régine, installée au milieu du marché est abonnée, trouve « que tout augmente – au sujet des tarifs – ça ne me choque pas, même si c’est vrai qu’il n’y a que nous qui n’augmentons pas nos prix. Il y a une très bonne ambiance ici, entre vendeurs et acheteurs », affirme-t-elle, sans nier le problème des vols : « il faut toujours avoir l’oeil sur l’étal ».
Jean-Michel, abonné lui aussi, dénonce les « petits sportifs du vol qui s’exercent chaque semaine sur nos étals. Il y a aussi beaucoup trop de PV de stationnement, ça fait fuir nos clients, bref, le chiffre d’affaire moyen baisse d’année en année. Et on ne peut pas augmenter nos prix car les clients, eux, veulent du moins cher et achètent moins ». Un de ses voisins nuance le constat : « il y a toujours beaucoup de monde ici, et par rapport au MIN, on s’y retrouve. La brocante du MIN, c’est 95 euros l’emplacement, à chaque fois. Ici c’est 200, mais au trimestre, pour 12 déballages. C’est mieux, même si les places ne sont pas égales entre elles. Et puis l’hiver surtout, on s’autogère, on peut s’étaler s’il y a de la place, on nous laisse tranquilles avec ça ». Cependant, il laisse poindre son désarroi : « On a un peu l’impression d’être oubliés par la mairie, de ne pas être un atout mais plutôt un héritage du passé qu’on a mis de côté et qu’on délaisse, et c’est un peu pesant. Il faudrait avoir la force de réaffirmer que la brocante de la place Viarme, c’est bien pour Nantes ! ».
Louis Moulin
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