Narbonne: ils saccagent les locaux de la SNCF pour se venger des contrôleurs
- par F. F.
« Quand vous êtes rentrés tout a été cassé, c’était comme un tsunami ou un ouragan ». Le président du Tribunal n’avait pas assez de mots pour décrire les dégâts laissés par Sylvain, Sébastien, 30 ans et Cristian, 24 ans dans les locaux de la SNCF, route de Cuxac. Le 29 décembre dernier, ils se sont acharnés sur le matériel informatique, les ordinateurs, les imprimantes, « même un compteur électrique ». Le contenu de sacs de plâtre a également été répandu dans les bureaux, sans compter les plafonds arrachés. « Il y en a pour plusieurs milliers d’euros de dégâts ».
La SNCF n’a pas encore chiffré précisément les pertes. Le président se désole de cette situation qui au final va revenir sur le dos des contribuables : « C’est encore la communauté qui va supporter tout ça, aucun de vous trois ne travaille ». Les trois prévenus dont un comparaissait libre, mardi, ont été surpris lors d’une ronde le 29 décembre dernier vers 23 h 30, alors que l’un d’eux s’apprêtait à voler des outils sur un chantier. Sur un des bâtiments, un cadenas était cassé, mais selon le mis en cause, la porte était ouverte et il n’y avait pas de cadenas. A 300 mètres de son lieu d’interpellation, le même spectacle de désolation apparaît dans un bâtiment : toutes les pièces ont été visitées et les bureaux dégradés. Les jeunes hommes sont sans domicile fixe, l’un vit dans une caravane et la prête à un second. S’ils avaient repéré ces lieux, c’était pour prendre une douche et recharger leurs portables, ont-ils déclaré. Mais pour expliquer ce « déchaînement de violence incroyable », ils n’ont qu’une justification : se venger de la SNCF à cause des amendes. Sylvain doit même rembourser 100 euros par mois pour acquitter ses contraventions.
Le procureur de la République note que « vu l’ampleur des dégâts, ils n’auront jamais la possibilité de payer » et n’ont formulé « aucune remise en cause à l’audience ». Le passé judiciaire de Sylvain et Sébastien n’a pas joué en leur faveur, il a été requis à l’encontre de Sylvain 2 ans ferme dont six mois avec sursis assortis avec mandat de dépôt et deux ans ferme pour Sébastien. Quant à Cristian, le parquet a demandé une peine de travail d’intérêt général, au regard de son casier judiciaire. Pour les avocats de la défense, Me Fatiha El Hazmi, Elsa Laurens et Emmanuelle Mandrou, il faut prendre en compte les conditions de vie des prévenus qui vivent de rien dans la rue. Me Elsa Laurens a évoqué le sort de Sylvain, avec le visage tatoué de citations en portugais, depuis son orphelinat de Sao Paulo au Brésil jusqu’à ses démêlés judiciaires : « Son adoption n’a pas marché. Ce sentiment d’abandon a perduré ».
Le tribunal s’est appuyé sur le parcours judiciaire de Sylvain et Sébastien pour se prononcer : « Il n’y a pas d’alternative possible au mandat de dépôt », a souligné le président. Les deux hommes sont partis pour 15 mois de détention. Quant à Cristian, il est venu inscrire une première ligne sur son casier judiciaire et a été condamné à six mois de prison ferme, sans incarcération à la fin de l’audience.