Nîmes : 17 ans, enlevée et torturée par sa famille
HOCINE ROUAGDIA
Une enquête éclair a permis de résoudre un rapt familial qui a eu lieu à Nîmes le lundi 6 novembre. La jeune fille a ensuite été séquestrée plusieurs jours à Saint-Chaptes.
Enlevée devant son lycée car sa famille la soupçonnait de fréquenter un adolescent. C’est le scénario qui a conduit la police de Nîmes à lancer un vaste dispositif de recherche pour retrouver une jeune fille de 17 ans. La scène se passe devant le lycée Philippe-Lamour à Nîmes. Des témoins aperçoivent la jeune femme embarquée de force dans un véhicule.
Sur le moment, une altercation serait même intervenue avec des personnes qui auraient tenté de s’interposer. Mais la jeune femme est tout de même emmenée contre son gré dans la voiture. D’ailleurs à cet instant, un éducateur qui s’occupait de l’adolescente a été frappé. Ce dernier était chargé d’assurer un suivi de cette jeune fille. “Elle était placée sous protection judiciaire pour des motifs liés à des violences paternelles”, précise une source judiciaire.
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Alerte déclenchée
Lundi, dans les instants qui suivent l’enlèvement, l’alerte est immédiatement donnée. La police, appelée sur les lieux, déclenche rapidement une opération de grande envergure. “À cet égard, je salue la compétence et l’engagement exceptionnels des policiers de la Sûreté départementale du Gard”, souligne Éric Maurel, le procureur de la République de Nîmes.
Très vite, les recherches appuyées “par des moyens technologiques de très haut niveau” permettent de localiser des suspects. Dans un premier temps, le père de la jeune fille est placé en garde à vue au commissariat de Nîmes. Il sera déféré mercredi et mis en examen pour les violences commises sur l’éducateur et sa participation à l’enlèvement en bande organisée.
Par ailleurs, la police de Nîmes a poursuivi son enquête qui semble mettre en relief des violences perpétrées par le père. Lequel ne supporterait pas que sa fille puisse avoir une liaison. La suite de l’enquête, aidée par les gendarmes du Gard, permet de localiser le lieu où la fille est détenue.
Attachée sur une chaise
Elle est retenue dans une maison située dans un village situé dans le secteur de Saint-Chaptes. Ainsi, policiers et gendarmes bouclent le secteur et, finalement, rentrent dans le local de détention. Ils découvrent la jeune fille attachée sur une chaise, visage tuméfié et dans l’impossibilité de faire ses besoins. “La malheureuse se serait même uriné dessus”, constate un proche de l’enquête. En outre, elle n’aurait pas été nourrie (ou très peu) pendant plusieurs jours.
Nez fracturé
Dans la foulée, ses deux frères sont interpellés et placés en garde à vue. Ils sont suspectés d’avoir participé à l’enlèvement et d’avoir frappé leur sœur pendant ces trois jours. “Elle a le visage marqué par les coups et présente une fracture du nez”, ajoutait-on vendredi soir au parquet de Nîmes. Au terme de leur garde à vue, les deux frères ont fait l’objet d’un transfert au tribunal de grande instance de Nîmes.
Le parquet a demandé leur mise en examen pour enlèvement en bande organisée et actes de torture et de barbarie, a indiqué le procureur Maurel. Le magistrat a également requis le placement en détention des deux frères. Vendredi soir, le juge des libertés et de la détention devait examiner le sort de ces tortionnaires présumés.