Les habitants de Guadeloupe et de Martinique se préparent ce lundi à affronter le passage de l’ouragan Maria. Après les images de désolation laissées par le dévastateur ouragan Irma qui a ravagé Saint-Martin et Saint-Barthélemy, ils sont nombreux à avoir pris leurs précautions, faisant des réserves de nourriture, d’essence mais aussi d’optimisme.
Ils ont l’habitude des ouragans et les habitants de Guadeloupe et de Martinique attendaient lundi, entre fatalité et parfois appréhension, l’approche de l’ouragan Maria, désormais en catégorie 3, avec en tête les images terrifiantes du passage d’Irma à Saint-Martin.
Un peu avant midi (heure locale), à l’approche de l’ouragan, Fort-de-France avait des allures de ville morte, selon un correspondant de l’AFP. La circulation automobile, faible depuis le matin, était quasi inexistante. Les bus ne roulaient plus. La plupart des rideaux métalliques des commerces étaient baissés.
« On va prier »
Quelques personnes se trouvaient encore dans les rues, malgré le confinement obligatoire imposé par l’alerte violette cyclonique, déclenchée par la préfecture.
Sous une pluie battante, une commerçante se hâte de fermer boutique. Les policiers sont déjà venus la sermonner, mais elle voulait « répondre aux demandes des clients », qui se pressaient encore nombreux à quelques heures de l’arrivée de l’ouragan, pour faire des réserves de nourriture. Son téléphone sonne régulièrement, ses parents et ses enfants la pressent de les rejoindre à l’abri.
À Rivière-Salée au sud de l’île, Anne-Marie, 84 ans, est prête. « La mairie se met en branle mais c’est nous qui devons prendre nos dispositions : j’ai des bougies, des lampes et à manger. J’ai des légumes en boîte et du gaz », raconte cette infirmière à la retraite. « S’il n’y a plus d’électricité, ça ira », affirme-t-elle. « Les fenêtres sont fermées, tout est cloué déjà. Je prends mes précautions ».
« L’agent de la mairie est passé chez les riverains pour voir s’il y a des problèmes », précise cette femme qui vit seule, dans un secteur rural. « Je ne pense pas qu’il va nous arriver la même chose que de l’autre côté (à Saint-Martin, N.D.L.R.). On va prier », ajoute-t-elle.
« Ça ne sert à rien de paniquer »
Même préoccupation en Guadeloupe, où l’ouragan est attendu dans la nuit. « Quand on habite en Guadeloupe depuis longtemps, on ne se prépare pas au dernier moment », dit Liliane, une habitante du Gosier. « J’ai déjà fait des réserves depuis longtemps », insiste cette dame âgée, qui n’en est pas à son premier ouragan.
« Les cyclones, ça fait toujours un peu peur, même si, quand on a connu Hugo (ouragan qui avait fait plus d’une dizaine de morts et 30 000 sinistrés en Guadeloupe en 1989, N.D.L.R.), rien ne peut être pire », souligne auprès de l’AFP Eric, la quarantaine, habitant du Gosier. Mais ce père de famille a quand même « fait des réserves d’eau » et va « contreplaquer » sa maison.
« Ça ne sert à rien de paniquer, surtout pour ne pas effrayer les petits, Il vaut mieux rester calme », souligne Raïssa, 23 ans, hébergée dans un gîte à Sainte-Anne.
La jeune femme habitait Concordia, à Saint-Martin, sinistrée par Irma, ouragan de catégorie 5, il y a une dizaine de jours. Elle est arrivée en Guadeloupe avec ses frères, cousines et petits-cousins… 10 personnes au total dont plusieurs enfants, hébergés par Rachel, dans son centre de vacances.
Raïssa est quand même « un peu nerveuse, un peu beaucoup même, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver ».
« On a dû refaire un stock d’eau parce qu’on n’était pas trop préparé la dernière fois donc là, on a bien stocké l’eau, la nourriture, on a déjà préparé nos sacs au cas où on doit partir », explique-t-elle.
Crainte des pillages
Steve Bizasene, gérant d’une station-service ouverte 24h sur 24 au Gosier, n’a déjà plus de gasoil « à cause des deux alertes cyclone coup sur coup » et d’un réapprovisionnement insuffisant. « Les gens ont tous fait le plein pour Irma ».
Il dit craindre les pillages, comme à Saint-Martin, et a fait « appel au volontariat » de ses salariés pour « organiser des rondes » autour de la station-essence après l’ouragan.
« On est habitué aux phénomènes cycloniques, entre juin et décembre, mais visiblement, cette année, c’est notre année », déclare Olivier Serva, député de Guadeloupe.
« On s’y connaît relativement en ouragans. Cette fois, c’est fort, mais pas catastrophique, a priori », ajoute l’élu, même si Maria a un côté « un peu inquiétant ». « On sent déjà le phénomène, les animaux sont paniqués ».