Comment un enfant souffrant d’une forme d’autisme et d’hyperactivité, a-t-il pu se retrouver chez ce couple, d’évidence inapte à en assurer la responsabilité ? La question claque dans les esprits dès les premiers mots de l’histoire de ces deux-là, jugés hier devant le tribunal correctionnel de Perpignan pour avoir, en septembre dernier, violenté le petit garçon handicapé de 10 ans.
L’homme, âgé de 34 ans, a tenté de dissiper son enfance brutalisée par un père alcoolique dans les drogues dures dont il a décroché depuis 7 ans par traitement de substitution. Sans emploi, il reste à la maison et s’occupe de leur fillette de 6 ans.
Elle, âgée de 31 ans, a connu une jeunesse aussi fracassée, élevée par sa seule grand-mère et vit aussi sous métadone pour palier à une année d’héroïne. Souffrant d’une maladie génétique et de dépression profonde depuis le décès de son nourrisson, elle ramène un salaire de femme de ménage. C’est dans ce cadre d’auxiliaire de vie qu’elle s’est liée d’amitié avec la mère du petit Julio (prénom d’emprunt). Et cette dernière, hospitalisée en juin, a ainsi décidé de confier la garde de son fils, qui était déjà battu par son ancien compagnon et placé durant trois ans, à ces « gens très bien», avec l’aval des services sociaux. «Je le prenais souvent avec moi. J’avais tout fait pour que sa mère le récupère et je me disais qu’il fallait lui éviter un autre placement », explique la maman improvisée.
Or, le 14 septembre, l’enfant arrive à l’école avec un hématome important au visage. Un signalement est fait. Les examens médicaux révèlent des lésions d’âges différents sur la face et le corps, compatibles avec des coups. Julio, menacé par le couple d’être à nouveau placé, livre une première explication. A savoir : qu’il s’est blessé en pratiquant le Taekwondo. Ce qu’il ne fait jamais…. Puis, il avoue avoir reçu des coups de poing.
«Un machin qui n’a pas de cerveau »
Après avoir fourni diverses versions, le couple reconnaît désormais une simple gifle, assénée par le mari, parce que le petit avait fait une crise à table. «On s’en est occupé comme notre fils. On lui a tout appris. Ça n’est arrivé qu’une fois, une punition, s’agace l’homme dans le box, moins virulent que lors de sa garde à vue où il s’était montré odieux : « Il ne sait rien faire. Il a failli noyer ma fille. Et il lui a touché la foufoune. Sa famille m’a presque donné la permission de le claquer. Il pisse à côté. Il ne sait pas manger. On était les seuls à s’occuper de lui. Mais l’éducation ça ne se fait pas avec une boîte de chocolats. Il n’est pas autiste, il est plus que ça. Et on va croire un machin qui a pas de cerveau ! »
La justice, elle, l’a cru et a reconnu la culpabilité entière du couple, malgré les expertises psychiatriques qui concluaient à une abolition du discernement pour tous les deux. L’homme, défendu par Me Barrère, a été condamné à 30 mois de prison ferme (24 mois requis). Sa compagne, assistée par Me Monasteri, a écopé d’un an ferme (9 mois à 1 an requis). Outre 2000 € de dommages et intérêts à payer solidairement à l’Enfance catalane (réprésentée par Me Peltier), administrateur ad hoc du petit Julio.
- par Laure Moysset