Piégé par un «appât», il est enlevé, battu et séquestré pour de l’argent
La jeune femme l’a contacté sur Facebook et le garçon a accroché. Ils se sont donné rendez-vous sur le parking de la piscine de La Ramée à Tournefeuille. En guise de rencontre galante, l’homme se retrouve piégé dans un véritable traquenard violent. Léa est bien là mais elle n’est pas seule. Quatre hommes l’accompagnent et fondent sur la victime.
Ils lui portent des coups au visage et sur tout le corps, le gazent à l’aide d’une bombe lacrymogène, utilisent un taser et chargent le Roméo dans le coffre de sa voiture.
Des témoins assistent à la scène et contactent aussitôt la police. Sur place, les enquêteurs de la sûreté départementale retrouvent du sang, une chaussure, un revolver à gaz et six cartouches mais aucune trace de la victime et des agresseurs. Le lendemain, ils ont enfin des nouvelles de cet homme. Il vient de se présenter aux urgences de l’hôpital Purpan.
Il porte plainte puis la retire mais les policiers de la «crim» ne lâchent pas l’affaire et remontent sur des suspects, interpellés cette semaine et jugés, ce vendredi, en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Toulouse.
Dette
«Je voulais récupérer mon argent. J’ai réfléchi au moyen le plus simple : porter plainte. Mais je n’avais pas de preuves alors j’ai décidé de le récupérer moi-même», explique froidement Nour, l’instigateur des faits, un homme arnaqué par la victime qui lui devait quelques milliers d’euros.
À l’époque en couple avec Léa, il l’utilise pour piéger son débiteur. La jeune femme raconte : «J’avais un rôle d’appât. J’ai trouvé l’arnaqueur sur Facebook. Je lui ai parlé et donné rendez-vous à 22 h 30 sur le parking de la piscine de la Ramée à Tournefeuille.» Son rôle s’arrête là.
Nour donne ensuite rendez-vous au cousin de la victime. «Ils se sont accordés sur 3 500 € immédiatement et 1 500 € plus tard contre ma libération», a raconté ce dernier aux enquêteurs. Vendredi, la victime n’était pas présente, ni représentée à l’audience. Ses cinq agresseurs âgés d’une vingtaine d’années étaient jugés pour «enlèvement, violence et extorsion». Nour explique avec une pointe d’arrogance : «Je voulais juste lui faire peur. On n’a pas réfléchi. C’est l’effet de groupe». Léa déclare quant à elle : «Je ne pensais pas que ça dégénérerait comme ça». Les trois autres expliquent être venus en renfort. Pour le procureur Audrey Trafi, «c’est insupportable. Ils n’avaient aucune raison de venir à cinq alors que la victime se rendrait seule à un rendez-vous galant». Elle requiert contre Nour 24 mois de prison dont 12 avec sursis mise à l’épreuve et 24 mois dont 18 sursis mise à l’épreuve contre les quatre autres ainsi que leur maintien en détention.
Pour Me Élodie Bayer, avocate de Nour, «ce ne sont pas des délinquants d’habitude. Ils ne présentent pas une grande dangerosité». Le tribunal a condamné Nour à 30 mois de prison dont 18 avec sursis mise à l’épreuve et les autres à 24 mois dont 16 avec sursis mise à l’épreuve pendant 2 ans. Il n’a pas prononcé leur maintien en détention.