Cinq mois après un premier coup de gueule relatif à l’annonce de la police de sécurité du quotidien (PSQ), « une coquille vide » ( notre édition du 22 décembre ), Christophe Dalongeville est toujours aussi amer. « La doctrine de ce nouveau concept fait plus de 30 pages. On a l’impression d’un copier-coller de la police de proximité qui avait été mise en place en 1998. C’est de la com’, encore de la com’», regrette le secrétaire départemental d’Alliance (majoritaire).

Sur la circonscription (CISP) de Montbéliard-Héricourt, les effectifs, en l’état, ne permettraient pas une application complète de cette politique dont l’ambition est de faire évoluer les missions et la qualité des interventions : « Nous sommes à 140 gradés et gardiens de la paix. Nous devrions être 153. Avant, il y avait une patrouille de police-secours à Héricourt et deux à Montbéliard. Avec la fusion des deux commissariats, il ne reste que deux patrouilles de police-secours et on a redéployé en interne une patrouille de vététistes estampillée “police de sécurité du quotidien”, histoire de montrer que nous sommes de bons élèves… » fustige le responsable syndical.

Les dés sont pipés

Quant aux annonces de recrutement de policiers et gendarmes – 10 000 créations de poste d’ici à 2022 – Christophe Dalongeville n’y croit plus. « Il y a bien eu des recrutements sur la CISP en 2017 mais le sous-effectif était tellement important que ce fut juste une remise à niveau. Concernant l’augmentation du budget 2018 pour nos missions, on pourrait s’en réjouir mais ce que l’on oublie de dire, c’est que celui-ci avait considérablement baissé en 2017. » Bref, dans l’esprit du représentant du personnel, les dés sont pipés. Démotivés, éloignés de plus en plus de leur cœur de métier, usés par les tâches indues et la paperasserie, épuisés, ses collègues sont nombreux à passer la porte du syndicat pour tirer la sonnette d’alarme sur leurs conditions de travail : « Mais notre hiérarchie n’a pas une once d’empathie. Elle devient un porte-parole du gouvernement. »

Au niveau national, Alliance réclame, dans le cadre de la PSQ, un Grenelle de la sécurité associant les polices nationale et municipale, la gendarmerie et les officines privées : « Afin de redéfinir les missions de chacun. Certaines propositions émanant de la DDSP [N.D.L.R. : direction départementale de sécurité publique] font bondir. À l’heure où la profession n’a jamais été aussi démotivée, malmenée, des chefs [N.D.L.R. : dans des arrondissements parisiens par exemple] proposent aux policiers de développer des ateliers “création de jeux de société” avec les jeunes habitants des quartiers ou d’aller faire du pédalo sur les bases de loisirs. Dans le Doubs, il est désormais interdit de porter des gilets tactiques et des bombes lacrymogènes saufs les week-ends et les jours fériés. Dotés de ces équipements, les policiers donneraient une image d’insécurité. Mais où va-t-on ? C’est le monde à l’envers ! »

Tout n’est pas qu’une question d’effectif. Une meilleure efficience tient aussi à la manière de travailler.

David Dagliardi, commissaire

Aude LAMBERT