Pour l’ex-belle soeur Merah, Abdelkader et Souad ont fanatisé Mohamed Merah
L’ex-compagne d’Abdelghani Merah, entendue au procès ce mardi, a confirmé les propos de son ancien compagnon sur le climat raciste et antisémite qui régnait dans la famille Merah. Elle dit avoir aussi pensé que la fratrie était complice des crimes.
Publié le 17/10/2017 à 12:51 Mis à jour le 17/10/2017 à 14:47
A l’audience, très émue, elle a même déclaré avoir pensé que les assassinats de Toulouse et Montauban auraient pu être commis en famille par les frères Mohamed et Abdelkader et que leur soeur Souad et leur mère étaient au courant :
Quand Mohamed Merah était à la morgue, j’ai dit à Aïcha (NDLR : soeur aînée des Merah) que je pensais qu’Abdelkader ou Souad était avec lui pendant les assassinats ou qu’ils étaient au courant. C’est ce que je pensais”.
Des propos tenus lors d’une semaine où les membres de la famille se succèdent à la barre, décrivant le climat régnant dans la famille. Les assassinats de Toulouse et Montauban ont été commis par Mohamed Merah seul. L’enjeu du procès c’est de savoir si l’influence idéologique d’Abdelkader Merah sur son frère peut être considérée comme une complicité dans les assassinats terroristes.
Pour elle, « le choix de l’école juive, j’ai pensé que c’était une idée d’Abdelkader ».
Des insultes racistes et antisémites
La jeune femme de 39 ans, séparée d’Abdelghani Merah et mère de son fils, a aussi indiqué mardi à la barre de la Cour d’assises spéciale de Paris qui juge les complices de Mohamed Merah, qu’un climat d’antisémitisme et de racisme régnait au sein de la famille Merah et que des propos en ce sens étaient tenus régulièrement par “tous les Merah”.
Celle qui a rencontré Abdelghani Merah, l’aîné de la fratrie, en 1994 alors âgée de 16 ans, décrit d’abord un climat familial “détruit”, “un chaos” où règne la violence. Elle dit avoir été proche d’Abdelkader Merah, “le plus intelligent de la fratrie”, qu’il l’a même protégée quand Abdelghani, sous l’emprise de l’alcool, la battait.
Mais cette femme athée, d’origine catholique, a aussi décrit les propos antisémites et racistes tenus à son encontre : “Abdelghani leur avait dit que mon grand-père était juif, mais c’est faux mon grand-père c’est celui qui a adopté et élevé ma mère pas son géniteur, que je n’ai d’ailleurs quasiment pas connu”.
“Sale juive” lui aurait crié dessus Zoulikha Aziri, la mère, lui crachant dessus alors qu’elle n’avait que 16 ans. “Sale française” lui crié les autres. Zoulikha Aziri, qualifiée par le témoin de “la plus grande menteuse que j’ai jamais connu”.La mère des Merah est attendue à la barre des témoins mercredi.
Pourtant, elle a fréquenté cette famille pendant plusieurs années : “Je leur ai rien fait moi aux Merah, je les considérais comme mes frères et soeurs”.
« Abdelkader et Souad ont appris leur religion fanatique à Mohamed »
Au fil du temps, elle va voir la religion prendre une place prépondérante dans la famille : avec la soeur Souad, mais surtout avec Abdelkader, qui entre en religion après son incarcération en 2003 et l’agression au couteau de son frère Abdelghani. Les voyages répétés en Egypte, la pratique de l’islam radical, font de lui un ultra-religieux. La haine du juif, du Français, devient alors de plus en plus présente dans la famille.
La jeune femme, qui était très proche au début avec Abdelkader, le voit alors s’éloigner, entrer en salafisme et ne plus lui adresser la parole. Quant à Mohamed Merah, elle dit qu’il était fier d’avoir été introduit dans le cercle des religieux par Abdelkader Merah.
Pour moi, c’est Abdelkader et Souad qui ont appris leur religion fanatique à Mohamed”
Des propos qui rejoignent ceux de son ancien compagnon, tenus la veille selon lequel Mohamed Merah a été le bras armé mais que l’accusé Abdelkader Merah a été la tête pensante, le “mentor” de son frère.
Des tentatives d’embrigadement de son fils
Elle raconte aussi comment son fils, né en 1996, a été très tôt “embarqué” par les frères Merah, particulièrement Abdelkader, pour en faire “un bon musulman”. Et les discussions sur lesquelles elle a dû batailler avec son propre fils qui adolescent la traite de “mécréante”.
Le fils est alors régulièrement exposé à des visionnages de vidéos jihadistes violente, avec des exécutions. Elle raconte que son fils a été à plusieurs reprises embrigadé par Mohamed Merah, dans son appartement.
Enfin, elle termine avec cette phrase : “J’ai d’abord eu de la tristesse, de la peine après les attentats, mais depuis j’ai du dégoût pour cette famille”.