La menace peut prêter à sourire, mais elle est prise très au sérieux par la mairie de Barcelone. Un plan d’action structuré a été mis en place pour lutter contre les sangliers de Collserola qui s’aventurent de plus en plus dans les zone urbanisées.
Mi-août, une mère de famille a été attaquée par un sanglier dans le parc d’attractions du Tibidabo, remettant le brûlant sujet à la une des journaux locaux. L’animal, visiblement peu impressionné par la présence humaine, aurait été attiré par le goûter des enfants que la Barcelonaise transportait dans un sac à dos. Il l’a chargée et soulevée plusieurs fois, la blessant à la jambe. “C’est un parc d’attractions, cela aurait pu arriver à un enfant!”s’alarmait la mère de famille dans les colonnes du journal El Periódico .
Si depuis quelques années, il n’est plus rare de croiser des sangliers dans les quartiers les plus hauts de Barcelone, les animaux semblent devenir de plus en plus agressifs envers la population. Certains ont en effet élu domicile dans les zones urbanisées, où ils sont protégés des prédateurs et trouvent plus facilement de la nourriture, notamment dans les poubelles. Pour endiguer le phénomène, la mairie de Barcelone a mis en place un plan d’action basé sur l’information et la prévention.
Les Barcelonais, trop animalistes
Selon Jorge Zarzoso, président de la fédération de chasse de Barcelone, les chasseurs permettent de contrôler et réduire la population de sangliers d’un tiers. Mais pour des raisons de sécurité, ils ne peuvent pas accéder aux zones urbanisées où les mammifères s’installent maintenant, par la faute des Barcelonais selon le chasseur : “les habitants de Barcelone sont plutôt écologistes et animalistes, ils veulent donc prendre soin des sangliers et leur donnent à manger”.
Mais encourager les sangliers à résider dans les zones urbaines n’est pas vraiment une bonne idée, comme l’explique la mairie dans un fascicule spécialement imprimé sur le sujet et distribué dans les boites aux lettres: “les sangliers mettent en danger les personnes et les animaux domestiques, produisent des dommages sur le mobilier urbain, peuvent provoquer des accidents de la circulation et transmettre des maladies”.
Pour éviter que les animaux descendent dans les zones habités, la mairie a mis en place une batterie de mesures complémentaires à la campagne de sensibilisation des habitants, en collaboration avec des chercheurs de l’Université Autonome de Barcelone. “Les conteneurs à poubelle sont scellés, pour que les sangliers ne puissent plus les renverser, les horaires de passage des éboueurs ont été avancés, et les associations de quartier qui nourrissent les chats des rues utilisent désormais des gamelles spéciales, inaccessibles pour les plus gros animaux” détaille à Equinox le chargé de mission à l’écologie Frederic Ximeno. Certains espaces verts sont aussi réaménagés et les zones limitrophes du parc de Collserolla débroussaillées.
Hybrides et reproduction
Avec environ 1500 sangliers alors que sa superficie ne devrait en contenir que 600, la surpopulation de Collserola explique aussi la migration de certains animaux vers la ville. L’une des causes avancées de cette surpopulation : des cochons vietnamiens adoptés par des Barcelonais qui les abandonnent ensuite dans la nature lorsqu’ils deviennent trop volumineux.
Ces cochons finissent par se reproduire avec des sangliers. Les “cerdolis” (contraction des cerdos-jabalies en espagnol) deviennent des hybrides qui se reproduisent davantage que les sangliers, mangent de plus grandes quantités de nourriture et s’avèrent bien plus destructeurs de la faune et flore sauvages ainsi que des champs de cultures. Là encore, la mairie effectue des campagnes de sensibiliation auprès des habitants.
De son côté, l’Université Autonome de Barcelone travaille également sur la création d’un vaccin contraceptif qui permettrait de freiner la reproduction. “Il s’agit d’un projet expérimental, explique le professeur Jorge Ramon Lopez, mais qui pour l’instant ne s’est montré efficace dans aucune région du monde”.
Dans les cas les plus extrêmes de sangliers agressifs et trop habitués au milieu urbain, la mairie organise des captures pour euthanasies. En 2017, la police municipale de Barcelone a enregistré 667 incidents liés à des sangliers.