Pourquoi c’est important Redoine Faïd (encore) de retour aux assises
Redoine Faïd retrouve ce jeudi les bancs du palais de justice. Il est jugé en appel, à Saint-Omer (Pas-de-Calais), pour le braquage à l’explosif d’un fourgon blindé de la société Loomis en 2011. Il avait été reconnu coupable en octobre 2017 par la cour d’assises du Nord et condamné à 18 ans de réclusion criminelle.
Une audience sous haute tension, car les spectaculaires évasions du détenu n’ont pas quitté les mémoires. Pour l’occasion, le palais de justice a engagé 250 000 euros de travaux de sécurisation et sécurisé le périmètre pendant toute la durée du procès.
Et l’accusé pourrait en effet réserver quelques surprises… Détenu dans la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), Redoine Faïd a entamé une grève de la faim jeudi dernier, pour dénoncer les conditions de son incarcération.
De caïd en culotte courte à grand bandit
À 6 ans, Redoine Faïd commet son premier larcin : il s’échappe d’un supermarché, le caddie rempli de confiseries.
Originaire de Creil (Oise), et avant-dernier d’une fratrie de dix enfants, c’est à l’âge de 12 ans qu’il découvre sa vocation : il sera voleur.
Et de la petite délinquance au grand banditisme, il n’y a qu’un pas. En 1990, à peine majeur, il s’attaque à une agence du Crédit du Nord. Le premier d’une longue série de braquages…
Montée en puissance du braqueur cinéphile
Le 21 décembre 1995, un père Noël armé sonne à la porte du directeur de la BNP de Creil. Toute la famille est séquestrée par cinq malfaiteurs, dont quatre portent des masques à l’effigie de François Mitterrand, Édouard Balladur, Henri Emmanuelli et Michel Rocard. Une scène inspirée du film « Point Break ».
Pendant ce temps, Redouane Faïd se fait conduire jusqu’à la banque et dérobe le contenu du coffre-fort avant de s’enfuir.
Le bandit tient sa vocation des films de gangsters. Son rêve : s’attaquer aux fourgons blindés, comme dans « Heat » de Michael Mann. Il ne s’en privera pas. Pendant trois ans, il continuera ses méfaits sans que la police ne parvienne à l’arrêter.
Le braqueur repenti
Ce sont finalement les Suisses qui mettront un terme à sa cavale en 1998. Redoine Faïd sera condamné à 18 ans de prison. Après dix ans derrière les barreaux, il sort en 2009 pour bonne conduite. L’ancien braqueur se marie et retrouve un emploi en tant qu’attaché commercial à Courbevoie. Tout porte à croire qu’il mène une vie parfaitement normale.
En 2010, il publie sa biographie, « Braqueur : des cités au grand banditisme ». Pour la promotion de l’ouvrage, il court les plateaux télé et déclare : « Mes démons ne sont pas endormis, mais morts ».
Braquage raté et mortel
Le 20 mai 2010, quatre hommes en fourgonnette tentent d’échapper aux autorités, armés de fusils d’assaut. Après une course-poursuite sur l’autoroute, ils parviennent à s’échapper, mais un accident les oblige à s’arrêter à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Aurélie Fouquet, 26 ans, policière municipale se trouve sur leur chemin. Elle mourra d’une balle dans la tête. L’opération ratée avait pour objectif le braquage d’un fourgon blindé.
À cette époque, Redouane Faïd se présente toujours comme repenti. Mais la police a des doutes. L’enquête démontre des liens étranges entre les auteurs du drame et l’ancien braqueur. En janvier 2011, alors qu’il est soupçonné d’être le cerveau de l’affaire, Redoine Faïd disparaît.
Condamné à 25 ans de réclusion, il retourne finalement derrière les barreaux, en juin 2011, après deux ans de liberté.
Des évasions hollywoodiennes
Le 13 avril 2013, Redoine Faïd sort de sa cellule de Lille-Sequedin (Nord) portant un sac de linge sale, dissimulant des explosifs. Il fera sauter cinq portes de l’établissement pénitentiaire et mettra 24 minutes à s’évader, prenant sur son passage quatre gardiens en otage.
Le monde entier est à sa recherche. Un mois et demi plus tard, il sera retrouvé en région parisienne, en Seine-et-Marne. Il esy condamné à 10 ans de prison en mars 2017 pour cette évasion.
Rebelote le 1er juillet 2018. À 11h30, il s’échappe de la prison de Réau (Seine-et-Marne) aidé de complices, avec un hélicoptère. L’engin s’était posé directement dans la cour d’honneur de la prison, hors de portée des miradors. Il sera arrêté à Creil (Oise), 93 jours plus tard. Il doit encore être jugé pour cette évasion.
Depuis, Redoine Faïd fait l’objet de mesures de surveillance très strictes en détention… jusqu’aux bancs de la cour d’assises.