En cette période estivale, le Ministre de l’Intérieur a annoncé dans Le Figaro la mise en place dès la fin de l’année d’une police de la sécurité du quotidien. Cette annonce a de quoi laisser perplexe.
D’abord, le choix de cette dénomination est pour le moins maladroit. Il témoigne d’un certain mépris pour les policiers et les gendarmes qui, chaque jour, assurent déjà – malgré les coupes budgétaires drastiques – la sécurité du quotidien de nos compatriotes (lutte contre la petite et grande délinquance, les violences, les trafics de drogue, le terrorisme, etc.). Ils le font avec courage et abnégation et méritent notre reconnaissance et notre respect. Là, nous sommes loin du compte.
Il y a également dans cette annonce un double discours inacceptable. Le gouvernement nous promet de recréer une nouvelle police, alors que le quotidien des policiers aujourd’hui, c’est toujours moins de moyens en terme d’équipement et de véhicules, des commissariats vétustes comme à Aulnay. Au final, en plus des 526 millions d’€ de suppression de budget, le Ministère de l’intérieur devrait absorber à budget constant la création de cette police de la sécurité du quotidien? Ce n’est pas responsable.
Et si l’intention affichée paraît louable, il faut tout de même rappeler qu’en l’état actuel, il est difficile de différencier cette nouvelle police, de la police de proximité version Jospin d’il y a 20 ans qui – soyons clairs – a particulièrement marqué les esprits pour son inefficacité dans l’histoire de la Police nationale. Pourquoi ce recyclage? Il faut aussi rappeler que s’il y a 20 ans, cette police de proximité était une mauvaise idée, c’est devenu aujourd’hui une très mauvaise idée puisque les missions de proximité sont déjà assurées… par la Police municipale.
Le ministre est par ailleurs resté flou et se contente dans son annonce de renvoyer pour ce qui est des missions, des effectifs, de la formation… à un obscur rapport de ses administrations qu’il n’a pas jugé utile de mettre dans le débat public.
Au final, nous le voyons bien, cette nouvelle sortie du chapeau subitement au creux de l’été, si elle peut paraître séduisante de prime abord, emporte plus de questions qu’elle n’apporte de solutions. Il aurait été – comme d’habitude – de meilleur augure pour notre ministre de consulter les élus locaux qui eux, malgré le désengagement constant de l’Etat, continuent à non seulement créer, équiper les polices municipales, sécuriser les bâtiments publics et notamment les écoles, à faire de la vidéo-protection… mais aussi – trop souvent – à palier les carences de l’Etat en fournissant par exemple des moyens à la Police nationale.