Pourquoi le « violeur de la Sambre » n’a-t-il pas été arrêté plus tôt ?
Trente ans de prédation et au moins une quarantaine de victimes, majeures et mineures, selon le suspect lui-même. Comment, depuis le premier viol qu’il est soupçonné d’avoir commis en 1998, Dino Scala, 57 ans aujourd’hui, est-il toujours parvenu à échapper aux enquêteurs qui le traquaient ? Comment n’a-t-il jamais attiré les soupçons sur lui, malgré l’établissement dès 2009 par les policiers belges, d’un portrait-robot ressemblant ? Comment, malgré la répétition des attaques, le prédateur n’a-t-il jamais laissé derrière lui le moindre indice confondant, jusqu’à ce 5 février dernier à Erquelinnes (Belgique), où sa voiture, repérée par la vidéosurveillance, a permis son interpellation ?
Des agressions « d’opportunité »
D’abord parce Dino Scala attaque « par opportunité ». Ses victimes sont choisies au hasard, comme le démontre l’amplitude des âges des femmes qu’il a agressées ou violées, de 13 à 50 ans. À mesure que l’enquête avance et que les dossiers s’accumulent, les policiers observent des récurrences.
Le « violeur de la Sambre » agit de préférence tôt le matin, entre 5h30 et 7h30, sans doute avant de se rendre à son travail, et plutôt en hiver, entre octobre et mars. La plupart de ses victimes le disent violent, armé d’un couteau parfois avec lequel il les menace, et semble obsédé par leur poitrine. Ce mode opératoire aléatoire sur un territoire qui chevauche la France et la Belgique ne permet pas aux enquêteurs de mettre au point un dispositif de surveillance préventive.
Une prudence extrême
Les attaques se produisent souvent selon le même schéma : l’agresseur aborde ses victimes par-derrière, le visage masqué ou dissimulé par un bonnet ou un col haut, et il porte des gants. En trente ans de prédation sexuelle, Dino Scala n’a laissé derrière lui qu’une demi-douzaine de traces ADN. Hélas !, l’homme n’est pas répertorié dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques où figurent près de 4 millions de références. Ces signatures ADN qui auraient pu permettre de l’identifier sont donc restées muettes.
Une communication inexistante entre services de police
Tout au long de l’enquête, l’affaire du « violeur de la Sambre » n’a jamais vraiment été partagée par la brigade criminelle de la PJ de Lille. L’échelon régional de la police n’a par exemple jamais été informé de l’existence probable d’un agresseur en série. Et ne parlons pas de l’absence d’échange d’informations avec la police belge.
Un homme ordinaire
La personnalité de Dino Scala a également contribué à brouiller les pistes. Une sorte de Docteur Jekyll et Mister Hyde, agresseur sexuel violent au petit matin, et mari, père et grand-père modèle en famille. Cet agent d’entretien était parfaitement intégré dans la vie de son village de Pont-de-Sambre dont il a présidé le club de football. Ici, on le dit convivial, toujours prêt à rendre service, bienveillant avec autrui, estimé et service. Jamais un geste ou un mot déplacé, au point que voisins, collègues et amis peinent à croire ce qu’ils viennent de découvrir. Et peut-être ne savent-ils pas tout encore…