Premier bilan de la brigade parisienne de lutte contre les incivilités
Premier bilan de la brigade parisienne de lutte contre les incivilités
EMILIE CHAIX/VILLE DE PARIS
Alors qu’elle inaugurait une nouvelle antenne de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP), la maire de Paris, Anne Hidalgo, a livré le 2 octobre, au terme d’une année d’existence, un premier bilan chiffré des actions menées par cette « brigade de lutte contre les incivilités ».
Implantés au 201 rue de Vaugirard, à quelques pas du commissariat central de police du 15earrondissement, les locaux fleurent encore la peinture fraîche. Ils accueillent désormais les 300 agents municipaux affectés à deux des dix circonscriptions intra-muros que compte la DPSP : 6e-14e et 7e-15e arrondissements. Ce nouveau maillage au sein de la capitale – dix circonscriptions territoriales au lieu de six auparavant – est l’une des composantes de la refonte des services de sécurité parisiens, engagée par la municipalité en septembre 2016.
En faisant regrouper plusieurs services au sein de la seule Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection, la maire a voulu doter Paris d’une grande brigade dédiée à la lutte contre les incivilités. L’entité rassemble aujourd’hui 1900 agents municipaux aux casquettes diverses : inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris (ISVP), agents d’accueil et de surveillance (AAS) principalement dédiés aux parcs et jardins, brigade d’intervention de Paris (BIP) renforçant le dispositif en soirée, la nuit et le week-end. Au 1er janvier 2018 viendront s’y ajouter les agents de surveillance de Paris (ASP), transférés depuis la Préfecture de police dans le cadre de la réforme du statut de Paris. Soit « bientôt 3500 agents » pour l’ensemble de la DPSP, a indiqué Anne Hidalgo ce lundi.
En juin dernier, la réforme avait provoqué une vive inquiétude parmi les ASP qui étaient descendus dans la rue.
Hausse des procès-verbaux de 113 % en un an
« Cette nouvelle organisation nous permet d’être plus efficaces, les chiffres le montrent aujourd’hui », a affirmé l’élue lors de l’inauguration de l’antenne : « le nombre d’amendes a progressé de 113 % en un an, toutes incivilités confondues ». Parmi ces dernières, les jets de mégots de cigarettes, tout particulièrement visés, ont fait l’objet d’une hausse de 723 % de procès-verbaux. L’amende, qui se monte à 68 euros, se veut dissuasive : « La ville ramasse environ 350 tonnes de mégots par an, ce qui est très coûteux », a rappelé Anne Hidalgo. L’augmentation du nombre d’amendes touche également les dépôts sauvages de déchets sur la voie publique (+ 237 %), les épanchements d’urine (+ 103 %), et les ventes à la sauvette (+ 87 %). A l’inverse, la verbalisation des déjections canines a baissé de 14 % : « On constate un changement de comportement des Parisiens à ce sujet », a précisé Mathieu Clouzeau, le directeur de la DPSP.
Autre chiffre mis en avant pour ce bilan, jugé « très positif » par la maire : un total de 61 421 procès-verbaux dressés par les agents municipaux depuis le mois de janvier. « Vous avez, dans ces nouvelles tâches, accepté de travailler de façon plus décloisonnée », les a remerciés Anne Hidalgo, se félicitant de « cette organisation qui fera de Paris une ville sûre et civilisée, et qui va nous préparer à accueillir les Jeux Olympiques ». Deux antennes de circonscriptions de la DPSP restent à inaugurer, celles des 8e-9e-10e et 16e-17e arrondissements. Leurs locaux, actuellement en travaux, devraient ouvrir leurs portes d’ici la fin de l’année.
L’armement des agents municipaux encore à l’étude
Réclamé par une partie des inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris, qui manifestaient le 21 avril dernier pour une « évolution de leur armement », le point reste en suspens. A la suite de ce mouvement de contestation, motivé notamment par l’inquiétude des agents face aux nouvelles menaces à caractère terroriste, une mission de réflexion a été confiée à un cadre de l’Inspection générale par la municipalité. « Nous voulions un regard extérieur sur le sujet » explique Colombe Brossel, adjointe à la sécurité de la maire, qui précise : « Nous lui avons demandé de travailler avec les organisations syndicales, d’aller à la rencontre des agents pour échanger avec eux, et aussi d’aller voir tous les groupes politiques. Et il est allé dans des villes de province, de Lyon à Marseille en passant par Nantes, pour voir ce qui se fait ailleurs ». L’adjointe souligne : « L’armement, ce n’est pas forcément létal, il y a aussi le pistolet à impulsion électrique ». Mathieu Clouzeau appuie : « Nos missions ne sont pas celles d’une police municipale. Actuellement par exemple, nous ne pouvons pas être impliqués sur des missions de Vigipirate, ce n’est pas du tout notre métier. Les Parisiens ont d’autres attentes ». Le rapport mandaté doit être rendu public « normalement avant la fin de l’année », indique Colombe Brossel.