Près du Havre, un conducteur fuyard au lourd passé
Correctionnel. Un classique accident de voiture se transforme en délit de fuite près du Havre, en juillet 2015. Il y a vingt ans, l’automobiliste avait déjà été condamné pour homicide involontaire sur la route.
Ça aurait pu être un simple et banal accident de la route, en plus du délit de fuite pour lequel est poursuivi le prévenu. Ce 3 juillet 2015, vers 17 h 30, avenue de la Belle-Étoile à Montivilliers près du Havre, David emprunte le rond-point après avoir déposé sa femme au travail.
Il percute alors une voiture qui se trouve devant lui. La conductrice avait freiné sans crier gare et s’était arrêtée en plein milieu du giratoire. Il baisse sa vitre pour l’insulter et prend la fuite, comme l’instruit la présidente du tribunal correctionnel du Havre. Ce n’est pas la version du prévenu qui explique avoir demandé ce qu’il s’était passé et avoir pris des nouvelles de l’automobiliste. « Je suis parti parce que tout allait bien », promet le quadragénaire qui admet avoir roulé malgré l’annulation judiciaire de son permis de conduire. « Elle a pourtant eu une interruption totale de travail de trois jours établie par le médecin légiste. Elle ne semble pas dire que vous vous êtes soucié de son état de santé. Quand on a un accident de voiture, on fait un constat amiable. Vous n’êtes pas parti parce que vous n’aviez pas d’assurance ? », soupçonne la juge.
Le Havrais a été retrouvé grâce à la plaque d’immatriculation relevée par la blessée. C’est sur planche photographique qu’il est reconnu par la victime.
« Un mort », « des blessures involontaires »
Ce classique accident a une tournure particulière au regard du passé judiciaire du prévenu. La juge ne l’a pas évoqué ouvertement au cours de l’instruction du dossier. Elle a juste mentionné que David avait eu plusieurs condamnations liées à des infractions routières, dont une en 1997… C’est seulement au moment des réquisitions que l’on comprend un peu mieux « l’enjeu » de cette audience. La procureure développe l’objet de cette fameuse peine. David a été condamné pour homicide involontaire alors qu’il était au volant. Au fil de son parcours judiciaire composé de cinq condamnations pour infractions routières, « il a fait un mort, provoqué des blessures involontaires, conduit dans un état alcoolique, sans assurance et malgré l’annulation de son permis en 1997, énumère le parquet. C’est un danger pour lui-même et pour les autres. Il ne peut plus continuer comme ça. Il faut qu’il se réapproprie la conduite ». La procureure requiert six mois de prison ferme et 300 euros d’amende. Une fois revenu à la barre, le prévenu reproche l’évocation de l’homicide involontaire. « Vous pensez que ça n’a pas été dur ? », lance-t-il. La juge suit les réquisitions quant à la peine de prison, mais prononce seulement 150 euros d’amende.
Dans une lettre adressée au tribunal, la victime qui se constitue partie civile a, en plus des dommages-intérêts, demandé que le Havrais suive un « stage de gestion de la colère, car sa violence a autant été préjudiciable que les dégâts matériels ».
Matthias Chaventré |