La scène aurait pu aussi bien se passer au Texas, sur grand écran, dans une ambiance de western. Mais c’est en France, dans le Toulois, à Bruley.
Claude Manet, maire de Bruley, revenait d’une visite de chantier communal avec l’architecte du projet. C’était mercredi 1er août. Il avait encore une pince-monseigneur à la main, lorsqu’il a été surpris par le passage répété de deux motos remontant la rue principale du village à vive allure, en faisant des « roues arrière ». Il se met au milieu de la route pour sinon les arrêter, du moins leur dire de ralentir. Bien loin d’obtempérer aux signes du premier magistrat, qui exerçait là ses pouvoirs de police municipale, l’un des deux, pilotant une moto rouge s’arrête, ôte son casque et le jette en direction de Claude Manet, le rate et commence à l’insulter. Ce que voyant, le reste de la bande arrivant en voiture derrière, croyant le motard arrêté menacé par le maire (c’est du moins leur version donnée aux gendarmes) muni de sa pince, vient prêter main-forte au motard. Là, les avis divergent. Le frère de ce dernier a-t-il donné un coup de poing au maire avant de le tirer par les cheveux en arrière et le faire tomber à la renverse ? Toujours est-il que l’élu se retrouve face contre terre. Il est touché à la tempe et au bras. Les agresseurs quittent la scène non sans avoir proféré des menaces de mort au maire encore sonné par les coups.
Garde à vue
Les jeunes gens sont rapidement entendus par les gendarmes, puis relâchés. Ils sont de nouveau auditionnés le 7 août, l’enquête ayant avancé rapidement. Ils sont alors placés en garde à vue, pour être déférés en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Nancy hier après-midi.
Le président Stanek les a longuement interrogés. On apprend ainsi que l’un des deux frères a déjà été reconnu coupable de violence sur le maire… d’Ochey en 2013 ! Il reconnaît d’ailleurs être très impulsif… Curieusement, aucun des deux agresseurs ne nie vraiment les faits de violence, seulement les menaces de mort. « Je suppose que les deux témoins et la victime ont eu des hallucinations auditives ? » s’inquiète un rien ironique le président du tribunal…
Les deux garçons ont 21 et 24 ans. Ils habitent tous deux chez leurs parents. Me Mangeot, avocat de la partie civile estime que les faits sont d’autant plus graves que la victime est maire du village, qu’elle a 81 ans et bénéficie de l’estime générale, puisque Claude Manet en est à son septième mandat !
Les peines prononcées sont très proches des réquisitions du procureur Daniel. L’aîné est condamné à huit mois de prison dont quatre mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans. Quant au cadet, encore sur la mauvaise pente, ce sera quatre mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve assortie d’un TIG, pendant 18 mois. Les deux frères sont également condamnés à une obligation de travail et à indemniser les victimes.