Procès Merah. Entre larmes et colère, la douleur déchirante des parties civiles
Mohamed Merah a fait sept victimes : des parents et des proches sont venus le rappeler, mercredi, devant la cour d’assises de Paris où le frère du tueur, Abdelkader, est jugé. Cinq ans après les faits, leur douleur est toujours intacte.
Entre les larmes et la colère, ils ont raconté, chacun avec leurs mots, comment ils ont appris la mort de leur proche, leur incompréhension, leur vie brisée et leur deuil impossible. Mohamed Merah a fait sept victimes : des parents et des proches sont venus le rappeler, mercredi, devant la cour d’assises de Paris où le frère du tueur, Abdelkader, est jugé. Cinq ans après les faits, leur douleur est toujours intacte.
Certains ont aussi exprimé leur amertume d’avoir été avoir été traités en suspect par la police durant l’enquête et leur révolte face l’attitude d’Abdelkader Merah à l’audience et sa façon « d’instrumentaliser » l’islam.
« L’islam, c’est la paix, pas la haine et la terreur »
Ce dernier est jugé pour « complicité » des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed avant d’être tué par la police. Il comparaît auprès d’un délinquant, Fettah Malki, qui a fourni l’une des armes et un gilet pare-balles utilisés par Mohamed Merah.
« L’islam, c’est la paix, pas la haine et la terreur, ce n’est pas tuer des enfants innocents. C’est vivre avec les autres, apprendre des autres, ce n’est pas convertir les autres. Il y a trop d’amalgames », a dénoncé Albert Chennouf, père d’un militaire tué à Montauban.
« Quand on tue quelqu’un gratuitement, on ne va pas au paradis »
« J’ai beaucoup entendu parler de l’islam durant ce procès mais cet islam-là, je ne le connais pas, c’est une couverture pour une autre religion qui s’appelle le terrorisme. Tous ces jeunes qui se disent musulmans nous causent du tort. À cause d’eux, on est stigmatisé deux fois », a dénoncé Alem Legouad, sœur aînée d’un autre militaire tué à Montauban.
Une autre de ses soeurs, Radja, a dit avoir découvert à l’audience « un sixième pilier de la religion musulmane : le jihad. Je suis petite fille d’imam et mon grand-père ne m’a jamais inculqué ces valeurs-là ». « Il y a dans cette salle beaucoup de super-avocats mais c’est comme une scène de théâtre. Moi, c’est mes tripes que je vous donne aujourd’hui pour faire front à ces assassins », a-t-elle ajouté.
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« Est-ce cela la loi d’Allah ? », a lancé à l’accusé, sans le regarder, Latifa Ibn Ziaten, mère du premier militaire tué par Merah, devenue une messagère de la paix auprès des jeunes dans les cités, les écoles et en prison.
« Est-ce qu’il ne pouvait pas aider son petit frère à prendre le bon chemin plutôt que d’en faire une bombe à retardement ? », a-t-elle demandé, ajoutant : « Quand on tue quelqu’un gratuitement, on ne va pas au paradis ». Au cours du procès, Abdelkader Merah a déclaré souhaiter que son petit frère soit au paradis.