Propreté : Toulouse veut sévir
Papiers et mégots jetés par terre, crottes de chiens ou pipi dans la rue : le Capitole se prépare à réprimer ces comportements en musclant ses effectifs chargés de verbaliser.
Une «prune» de 68 € pour un mégot jeté dans la rue à Toulouse? Cette menace, théorique jusqu’à présent, va se faire plus pressante. Dans le cadre de son plan propreté présenté en mai dernier, le Capitole veut manier le bâton. Vice-président de Toulouse Métropole en charge de la propreté, Emilion Esnault a dévoilé son intention en annonçant le renforcement en préparation de la Brigade contre les incivilités, une équipe composée jusqu’à présent de dix agents municipaux chargés de la verbalisation.
Selon les chiffres fournis par la mairie, 667 PV ont été dressés en 2015 pour tout ce qui relève des écarts à la propreté dans la rue : mictions, déjections canines, jets de déchets et dépôt sauvages d’ordures. En 2017, ce chiffre a déjà augmenté en passant à 1 154. Mais cette répression reste ponctuelle. Elle relève surtout de la recherche des auteurs de dépôts sauvages. Ou d’opérations coup de poing de la police municipale place Saint-Pierre ou à la Daurade pour sanctionner, sur le fait, les noctambules qui urinent dans la rue ou consomment de l’alcool.
40 tonnes par jour
À tour de rôle, chaque municipalité successive a brandi la même menace pour tenter de remporter le combat, électoralement sensible, de la propreté. En présentant son plan au printemps, la mairie avait déjà laissé entrevoir la couleur. Le dernier sondage qui mesure l’opinion de la population sur l’état des rues soulignait que le comportement des habitants était en cause pour 94% des sondés. «D’où la décision de la collectivité, disait-elle alors, d’accentuer la répression».
Sous la pression des habitants, notamment dans les quartiers qui attirent les fêtards, le maire, Jean-Luc Moudenc, devrait prochainement annoncer ce tour de vis. Concrètement, la municipalité planche sur l’habilitation de ses agents pour qu’un plus grand nombre puisse verbaliser. Le PV est de 68 € et peut grimper en fonction des circonstances, explique le Capitole.
«Il y a une immense marge de manœuvre et elle est dans les mains des Toulousains», souligne dans l’interview ci-contre Emilion Esnault pour tenter de convaincre les habitants de jouer le jeu. Lorsqu’il annoncera son intention de sévir, Jean-Luc Moudenc devrait s’appuyer sur les efforts entrepris par la municipalité. La partie des 789 agents affectés au pôle du centre ville travaille sept jours sur sept, 24 heures sur 24 avec 25 % d’effectifs supplémentaires du jeudi au dimanche pour collecter quelque quarante tonnes de déchets par jour. Dans le budget 2018 de la Métropole, 45 M€ sont affectées aux dépenses liées à la propreté.
Des poubelles «tulipe» de 85 litres
Depuis juillet, elles font leur apparition dans les rues du centre de Toulouse et ces nouvelles poubelles qui ont reçu l’aval de l’Architecte des bâtiments de France, avec leur forme évasée qui évoque une tulipe, n’offrent que des avantages. Avec une contenance de 85 litres contre 50 pour les précédentes, elles sont plus grandes. Surtout, elles n’ont plus ce couvercle qui rendait peu aisé leur accès. Les emballages se coinçaient et les obstruaient systématiquement. Des poubelles plus grandes, qui ne débordent plus, avec moins de détritus à leur pied : «la fréquence de ramassage diminue et les agents peuvent accomplir d’autres tâches», note Emilion Esnault. Un rebord permet d’écraser sa cigarette avant de la jeter à l’intérieur du sac. Le ramassage des mégots est un enjeu important. Tout ce qui est jeté à terre part dans le réseau d’eau pluviale et se retrouve directement, sans filtrage, dans la Garonne. Mégots compris. Autres avantages des corbeilles tulipe : à 200 €, elles coûtent trois fois moins cher. Leur revêtement les protège contre les tags et autocollants. Et elles sont plus faciles à manier pour les agents. La mairie a prévu d’en installer 800, dont 300 sont déjà en place.
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