Quand de simples caméras ne suffisent plus
Si la plupart des communes de la vallée de Seine possèdent des caméras de vidéosurveillance, certaines d’entre elles ne se contentent plus de cet équipement et vont plus loin. Qu’elles soient nomades et ciblées sur des actions ponctuelles ou encore piétonnes pour faciliter l’intervention des policiers municipaux, la technologie s’invite de plus en plus quand il s’agit de sécurité. De même, le Département investit dans un dispositif élaboré de plusieurs milliers de caméras « intelligentes » (voir encadré). Mais si les moyens technologiques augmentent, ils ne semblent pas pouvoir constituer une panacée.
Depuis le 26 septembre, la police municipale de Poissy est équipée de 12 caméras piétons, une par patrouille. « L’idée avait été émise dans le plan de prévention des risques urbains, détaille Franck, le chef de la police municipale pisciacaise. Nous sommes en expérimentation jusqu’au 3 juin 2018. » L’investissement est de 7 300 euros, dont 1 800 euros de subventions du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Un dispositif identique est également en place à Montigny-le-Bretonneux.
Cet équipement « permet d’apaiser les tensions », souligne le chef de la police municipale. « On nous conseille de les déclencher sur toutes les interventions. Une fois rentré, le policier dépose la caméra sur un terminal pour récupérer et stocker les images sur un serveur, poursuit-il. L’accès aux enregistrements (stockés six mois, Ndlr) se fait après une demande auprès de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) ».
Porteuse du projet à l’Assemblée Nationale en 2016, l’ancienne députée de la huitième circonscription, Françoise Descamps-Crosnier (PS), a été à l’origine de cette expérimentation législative limitée aux villes ayant des Zones de sécurité prioritaires (ZSP). Elle souhaitait que le dispositif soit « généralisé ». Et de préciser : « Je voulais donner la faculté aux maires d’équiper les policiers municipaux mais cela a été refusé. A l’Assemblée, on préférait plutôt équiper les policiers nationaux. »
Si l’amendement a finalement été adopté, il s’agit « d’un amendement de repli. Les policiers municipaux travaillant dans des Zones de sécurité prioritaires peuvent être équipés, selon leurs missions. Le cadre est délimité. » Toutefois, elle souhaite insister sur une chose : « Cela reste un outil qui dépend de ce qui a déjà été mis en place, cela peut venir en renfort mais cela ne fait pas tout. Et en fonction du contexte, il n’y en a pas forcément besoin. »
De l’autre côté de la Seine, à Conflans-Sainte-Honorine, le maire Les Républicains Laurent Brosse souhaite installer des caméras nomades, notamment pour lutter contre les dépôts sauvages. « On a différents secteurs dans la ville où on sait que des gens s’amusent à venir avec leurs voitures déposer les canapés, les machins, à n’importe quel moment de l’année, expliquait l’élu lors d’une rencontre avec la presse début septembre. On avait fait une carte et on les avait tous ciblés. »
Mais, le problème ajoute l’édile, « c’est qu’il faut les avoir en flagrant délit. Évidemment, ils y vont très tôt le matin ou très tard le soir et on n’arrive pas à les appréhender. » Le projet est en suspens, son financement ayant été retoqué par le FIPD qui évoque pour justifier son refus « un contexte budgétaire contraint » et le fait que la ville « ne soit pas en zone prioritaire ».
Le Département veut couvrir les Yvelines de caméras
Fin septembre, le conseil départemental des Yvelines a annoncé un grand plan de déploiement de caméras, évoquant « l’augmentation des incivilités et du risque terroriste ». La spécificité de ce projet départemental repose sur un centre de visionnage de format réduit, les caméras n’affichant leurs images que lorsqu’il se passe quelque chose.
L’investissement de 13 millions d’euros doit permettre le déploiement de 4 000 caméras dès 2019, sur les bâtiments publics départementaux. Les espaces et bâtiments des communes qui souhaiteront adhérer pourront aussi être intégrés dans ce service proposé par Yvelines numérique (organisme satellite du conseil départemental et des intercommunalités, Ndlr).
« Il y a un grand intérêt pour les communes qui ne sont pas équipées, elles y voient l’occasion de s’équiper de manière plus fiable à moindre coût, commente Laurent Rochette, directeur des opérations à Yvelines numérique. Je ne m’attendais pas à ce que des villes déjà équipées nous contactent, car pour le même niveau de service, ça leur coûte moins cher. »