Certes, il y a des faits divers nettement plus sordides, qui mériteraient que la Justice les traite avec une sévérité garante de notre survie. Je pense à ce clandestin ayant assassiné deux jeunes femmes à coups de couteau, à la gare Saint-Charles de Marseille, début octobre, et qui avait été remis en liberté la veille, avec le résultat que l’on sait.
Ce dont il est question ici est bien moins grave, mais c’est un cas symptomatique du degré de permissivité de notre société : « Un homme a été jugé en comparution immédiate hier pour avoir volé dans un magasin. […] Mais l’homme n’est pas inconnu des services de police. Il a déjà été condamné à 47 reprises » (Le Figaro).
On pourrait avancer « l’état de nécessité » pour Ivan – nom donné, mais est-il authentique ? –, comme ce fut le cas lors d’affaires jugeant des personnes ayant volé des produits alimentaires pour se nourrir, eux ou leurs enfants. Mais le produit du vol laisse ici sceptique, à savoir des téléphones portables. Ivan avait d’ailleurs été condamné pour un délit identique en septembre, et nous sommes en novembre !
Comme l’a rappelé la présidente du tribunal, le prévenu a connu une vie hugolienne, si je puis me permettre : « Un père décédé alors qu’Ivan avait 7 ans ; une scolarité abandonnée très tôt ; une addiction au cannabis dès l’âge de 13 ans ; diverses maladies lui valant le versement d’une allocation adulte handicapé ; une vie dans la rue, sans travail »(La République du Centre). Loin de moi l’idée de nier ce parcours tragique, mais combien ont eu, eux aussi, une existence chaotique sans pour autant glisser dans la délinquance ? C’est là un argument éculé par une certaine politique de l’excuse.
Signe des temps, où les déséquilibrés poussent comme les fleurs au printemps, Ivan, sujet à des troubles comportementaux auxquels la drogue n’est pas étrangère, s’en est rajouté un : la cleptomanie, c’est-à-dire une « une propension pathologique à commettre des vols » (Le Petit Robert). « Selon l’expert, vous ne souffrez pas de pathologie psychiatrique, et votre discernement n’est pas aboli », lui a-t-il été répondu. »
Ivan est-il livré à lui-même ? Non. « Depuis le 10 novembre, à sa sortie de prison, l’homme bénéficie d’un appartement thérapeutique : un fait mis en avant par son avocat commis d’office. Il est suivi sur le plan psychiatrique et bénéficie d’un accompagnement quotidien de l’APLEAT (Association pour l’écoute et l’accueil en addictologie et toxicomanies) » (op. cit.). Beaucoup de citoyens démunis, et non délinquants, rêveraient d’une telle prise en charge.
Condamné à quatre mois de prison, Ivan recommencera sans doute, à moins d’être sanctionné plus sévèrement et rigoureusement suivi. Pendant ce temps, on ouvre des salles de shoot et on envisage de légaliser le cannabis, au lieu de combattre ce fléau qu’est la drogue et dont Ivan démontre la nocivité pour soi et les autres.