Que va-t-on commémorer à Nice le 14 juillet prochain ?
C’est toute une cérémonie qui va se mettre en place sur la place Masséna pour commémorer les morts de l’attentat du 14 juillet 2016. Même le président de la république y participera. L’événement a été dramatique, mais on redoute qu’il soit devenu le fond de commerce des élus locaux. L’émotion a-t-elle pour but de masquer des insuffisances et des décisions qu’ils auraient du prendre il y a un an ?
86 morts et 434 blessés sont dus à la folie meurtrière de Mohamed Lahouaiej Bouhlel incontestablement. Dans un article du 21 juillet 2016, Le Ficanas laissait apparaître que le meurtrier n’était pas le seul responsable. La France était déjà en état d’urgence et toutes les mesures avaient été prises pour protéger les manifestations publiques ; c’était le cas, à Nice, pour l’Euro de football où l’on avait installé des blocs de béton pour éviter toute attaque un mois avant. Depuis 2009, la ville est en effet équipée avec un camion qui vient les déposer. Opération effectuée par la police municipale comme le confirme l’ancien adjoint Benoît Kandel. Mais ce soir là alors que des dizaines de milliers de personnes se pressaient sur la Promenade : rien.
Trois personnes devaient décider d’assurer la sécurité du feu d’artifice : Philippe Pradal, le maire de Nice, Adolphe Colrat, le préfet des Alpes-Maritimes et Christian Estrosi, le premier adjoint chargé de la sécurité. Se sont-ils réunis tous les trois ? Non. On a vite compris le problème quand Christian Estrosi, dès sept heures du matin, surgissait sur les écrans de télévision et, sans même un mot de compassion pour les victimes, attaquait le ministre de l’Intérieur qu’il essayait de rendre responsable. En réalité ne se dédouanait-il pas d’un échec dramatique ?
Depuis, une année a passé et on a enterré non seulement les morts, mais les évènements. La justice a commencé, Colrat renvoyé ailleurs, à Bercy (et félicité pour son action par Valls), Pradal remis dans les rangs, et Estrosi est devenu maire. Maire surtout pour entretenir la flamme de l’émotion et de la peine, car c’est un bon argument électoral de faire pleurer dans les chaumières. On a même amené les victimes survivantes voir le Pape au Vatican ! On a oublié les musulmans et personne ne les a amenés à la Mecque… Tandis que l’on reprochait à Christian Estrosi le coût de ce voyage pour les contribuables, il répliquait « On n’invoque pas des lois, des règles lorsqu’il s’agit de la souffrance et de la douleur humaine. C’est une dimension sociale aussi et nous l’assumons comme tel. »
Alors ce 14 juillet on verra des lampions dans le ciel, des remises de médailles, une cérémonie inter religieuse, un drone qui viendra filmer les participants, un discours de Macron, des avions, des militaires qui défilent (c’est le 14 juillet), un film, Calogero qui chantera « Les feux d’artifice » et, allez donc savoir pourquoi, le Canon de Pachelbel ! Faut faire de l’émotion, comme on en fait à la télé, faut faire des images, faut brandir son iPhone pour vite tout mettre en ligne sur Facebook.
Maintenant vous pouvez rester chez vous et penser aux familles de ceux qui sont morts ou blessés, qui ont de la peine, et qui ce soir là vont pleurer en se remémorant leurs souvenirs et surtout leurs absents. Eux ne seront pas au show politico-médiatique.
Christian Gallo – © Le Ficanas ®
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