Roues arrière, accélérations, coups de frein, dérapages. Et ça pendant des heures.
Dans certains coins de la métropole, l’été qui s’achève a parfois été pourri par le « fléau » des rodéos. « Les gens n’en peuvent plus, c’est notre souci n° 1, souffle Marie-Agnès Linguet, maire UDI de Fleury-les-Aubrais. J’échange régulièrement avec la préfecture et la direction départementale de la sécurité publique car j’ai peur qu’un jour, un de nos concitoyens, si un enfant venait à se faire écraser, se fasse justice lui-même. Une crainte partagée par Olivier Carré, David Thiberge ou Christophe Chaillou (maires d’Orléans, St-Jean-de-Braye et St-Jean-de-la-Ruelle). »
Un phénomène qui s’étend
Avant circonscrit à des secteurs précis, les rodéos se pratiquent aujourd’hui un peu partout, dans la métropole. « On les retrouve à La Source, l’Argonne, à la frontière du quartier Pont Bordeau à Saint-Jean-de-Braye, au Donjon à Olivet mais aussi à Ingré, près du lac de Bel-Air, détaille Bruno Berger, policier et représentant du syndicat Alternative police CFDT. C’est aussi courant à Fleury-les-Aubrais, quartier Dauphine à Orléans, sur l’île Charlemagne. Ça se fait surtout pendant le printemps et l’été mais aussi l’hiver, les week-ends où il fait beau. »
Et le phénomène s’étend aux communes plus rurales, comme à Saint-Hilaire-Saint-Mesmin où des opérations ont déjà été menées contre des motos et des quads non homologués, circulant dans les bois.
@PoliceNationale @malinguetfleury @JP_Sueur …et hop c’est reparti pour le rodéo à moto sur #fleury-les-aubrais comme tous les soirs… pic.twitter.com/GoQKgwzKQO
— Eric B. (@u4y0u) July 30, 2017
La vidéoverbalisation à Orléans,
un début de solution??
Alors que la police nationale a semble-t-il pour instruction de ne pas poursuivre les contrevenants quand ils sont sur leurs engins, les moyens d’actions sont limités. Aujourd’hui, police municipale et nationale s’associent parfois sur des opérations coup-de-poing, des descentes dans les caves d’immeuble afin de trouver des engins volés, détruits ensuite.
À Orléans, la municipalité cherche à aller plus loin et attend le dernier feu vert de la préfecture, dans quelques jours, pour mettre en place la vidéoverbalisation. Des policiers municipaux orléanais pourront alors dresser un PV grâce aux caméras de surveillance de la ville. « Il ne s’agit pas de s’en servir pour sanctionner le stationnement, jure Olivier Geffroy, maire-adjoint à la sécurité (LR). Mais pour lutter contre les rodéos, notamment. » Et si les véhicules ont de fausses plaques d’immatriculation?? Ou que le conducteur n’est pas le propriétaire?? « Derrière les caméras, je mettrai des agents qui connaissent ces jeunes, argue Olivier Geffroy, pour les reconnaître et les verbaliser. » Un premier pas, pas la solution miracle.
Des actions conjointes entre communes??
La maire de Fleury a contacté récemment Olivier Geffroy pour mener des actions conjointes avec Orléans, sans toucher aux sacro-saints pouvoirs de police du maire. La solution, très limitée pour l’heure, est de mener des opérations le long du tram, avec la police intercommunale des transports, comme dans le quartier de Lamballe, à Fleury.
L’idée d’actions conjointes avec toutes les communes de la métropole, cette fois, se heurte au pouvoir de police du maire, qu’il faudrait alors partager…
« À l’heure actuelle on ne peut pas, explique Marie-Agnès Linguet, mais je le souhaite. Le travail sur la police des transports est un embryon d’action commune. Mais j’ai aussi prévu d’embaucher trois policiers municipaux, en plus du remplacement de celui qui part à la retraite. Ainsi on aura des brigades qui fonctionneront à quatre, le samedi et le dimanche avec des horaires élargis. » En attendant une hypothétique loi coercitive, qui pourrait faciliter les choses.
Florent Buisson